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FICHE TECHNIQUE : Réalisation :
Hayao Miyazaki
Nationalité : Japonais
Durée : 130 min
Dates de sortie 25 décembre 2013 (France)
2h7 Sortie : 20 juillet 2013 (au Japon), 22 janvier 2014 (en Europe)

 

 

 

 

 

" Le vent se lève … "

Sous le souffle de l’Esprit

La sortie en DVD du dernier film d’animation du grand maître Japonais Hayao Miyazaki, « Le vent se lève »(sorti dans les salles françaises le 22 janvier 2014, et oui, déjà !), est une occasion de partager mon émerveillement et de vous inviter à le voir, si cela n’est déjà fait.

Son titre « Le vent se lève » et prolongement « Il nous faut vivre » sont déjà à eux seuls, tout un voyage … Ils sont la reprise littérale et citée en français (dans la version en langue originale, s’il vous plait !) d’un vers du Cimetière marin de Paul Valéry, mais aussi l’évocation du roman japonais de Tatsuo Hori (écrit en 1936-1937), et surtout le premier rôle donné au vent lui-même.
Car il me semble bien, que ce soit le vent, lui le grand invisible, qui anime tout le film, les personnages, le cœur des amoureux et même les objets « inanimés » qui retrouvent une âme. À la manière d’un Georges Brassens — chantant les louanges du vent fripon et maraud qui rebroussait les bois, détroussait les toits, retroussait les robes et les jupons: ici, ce sont les chapeaux des deux héros, l’ombrelle, l’avion en papier et les avions qui s’envolent, tournoient et dansent dans les airs. Le vent est l’acteur responsable des deux rencontres fortuites des amoureux Jirō Horikoshi et Nahoko Satomi, jusqu’à leur séparation dans les nuées du ciel.
L’utilisation de plusieurs langues originales, le japonais et quelques mots en français, allemand, italien nous conforte dans cette lecture d’une forme de Pentecôte.

Ce film est donc le film de l’inspiration, le film du ciel et celui des envolées, laissant place aux dessins magnifiques de l’azur, aux nuages moutonnant et pérégrinant, aux hélices et aux ailes d’avion, aux volutes de fumée, etc. … Mêmes les cadrages sont aériens : plongées, contre-plongées et loopings se chargent de donner au film un côté décoiffant et haletant. Cet effet d’apesanteur donne toute sa force à la trame narrative faite de rêves, de création et d’amour.

L’alliée du vent est la musique, insaisissable et invisible comme lui. Celle-ci a donc une part très importante dans le film, dans les thèmes musicaux du compositeur Joe Hisaishi, dans la chanson du générique de fin de Yumi Arai, mais surtout à travers l’évocation d’un lieder de Franz Schubert« Le Winterreise » (Le Voyage d’hiver) et d’un concerto de Beethoven (deux extraits sortant du gramophone). Il y a aussi un chant allemand « Das gibt’s nur einmal »(Cela arrive seulement une fois) joué au piano et chanté par tous les résidents de l’hôtel, lors d’un moment de fête (chant qui est une reprise du film« Le congrès s’amuse » de 1931).

L’écriture aussi a sa place à travers l’évocation de « Der Zauberberg » (La montagne magique) de Thomas Mann. Castorp le héros du livre prête même son nom à un des personnage du film. (Soit dit en passant les deux livres cités, comme le film, ont le sanatorium comme décor).

Ce film testament est comme une bibliothèque intime, le musée imaginaire de Hayao Miyazaki, chaque référence aux œuvres d’art citées résonnant comme un hommage à tous ceux qui ont nourri son imagination et sa créativité.

Aussi, tant de références et de lettres pourraient nous interroger sur l’intention du cinéaste. Hayao Miyazaki a-t-il écrit un film pour les enfants ? Je pense que oui, car la beauté n’est pas étrangère au monde de l’enfance. Bien entendu les adultes y trouveront leur compte, mais les jeunes spectateurs s’identifieront très certainement au petit garçon Jirō rencontrant, en rêve, son héros l'ingénieur italien Caproni (concepteur d’avion). Toutes les traversées de son histoire et de l’histoire de son pays (cauchemars, tremblement de terre, guerre, bombardements, maladie, espionnage industriel, maladie, mort), comme dans les contes de fées, où aucune épreuve n’est épargnée aux héros, donnent épaisseur et profondeur au film. Ainsi l’Histoire donne place à un message sur la construction d’un homme et de sa vocation au génie, à l’amour, l’amitié, la famille, et sa créativité … alors, les rêves deviennent réalité. « Le vent se lève, il nous faut vivre … »

Sr Nathalie, CSJ communauté de Mechref, 13 février 2015

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