>>> Accueil > L'actualité me parle... > Voici l’Homme !

Voici l’Homme !

Pour la 64e fois, sur la Croisette, le festival bat son plein : douze jours d’effervescence où les maîtres-mots sont « voir » et « être vu ». Parmi les nombreux festivals internationaux, Cannes a la particularité d’être une grande vitrine qui fait parler d’elle. Nous connaissons les mondanités cannoises : réceptions, tapis rouge… Dans un festival on rencontre, on se montre, il faut vendre son film, décrocher des contrats… mais au-delà des paillettes, pouvons-nous découvrir ce qui se cache de profondément humain ?


Cannes, tribune exceptionnelle offerte aux artistes, producteurs, réalisateurs pour présenter leurs œuvres, mais aussi défendre la liberté d’expression, de création. Ainsi l’œuvre de deux réalisateurs iraniens arrive in extremis pour la sélection officielle : Au revoir film de Mohammad Rasoulof et Ceci n’est pas un film de Jafar Panahi. Il faut se rappeler que, l’an dernier, le siège de Jafar Panahi est resté vide durant tout le festival ! 2011, le Printemps Arabe est au rendez-vous : dix courts métrages de fiction autour de la révolution du 25 janvier en Egypte, Plus jamais peur, film de Mourad Ben Cheikh évoquant la révolution tunisienne et une table ronde sur le thème « Faire des films sous une dictature » témoignant du travail des cinéastes dans ces pays.

 

« La mission de Cannes est de servir les films et les cinéastes… Ces derniers ne vivent pas à l’écart du monde et en évoquent les joies et les douleurs. Cannes, légitimement, s’en fait l’écho » (Thierry Frémeaux, délégué artistique du festival). Plusieurs films autour du thème de l’enfance sont réalisés : l’enfant en danger, l’enfance difficile et les relations adultes-enfants parfois très douloureuses... Le gamin au vélo des frères Dardenne conte l’histoire de Cyril qui n’a qu’une idée en tête, retrouver son père qui l’a placé dans un foyer pour enfants. Polisse de Maïwenn nous emmène dans le travail d’une brigade de protection des mineurs : auditions, dépositions, interventions, mais aussi solidarités entre collègues et encore problèmes familiaux auxquels les policiers n’échappent pas dans leur propre famille. Pleinement investis dans leurs rôles, nous disons que les acteurs « incarnent » leur personnage… Notre Dieu est justement celui de l’incarnation ! Lorsque Dieu s’incarne en nous, lui l’Artiste, le Créateur, le ferait-il moins bien que le meilleur des acteurs ? Dieu veut partager toute notre vie avec les mêmes battements de cœur que chacun de nous ; c’est pour cela qu’il s’incarne. Parce qu’il vit passionnément toute notre vie, Dieu donne à chacun d’être son visage pour l’autre. Quand l’Esprit parle à notre esprit, il révèle notre humanité dans sa force et sa vulnérabilité. Lorsque le cinéaste nous invite à communier à la douleur et au plaisir, à la vie plus ou moins tourmentée de nos semblables, l’incarnation prend toute sa réalité.

 

J’aime à penser la présence de Dieu sur la Croisette, révélant l’Homme à l’homme à travers les aspects technique, créatif et artistique du cinéma ! Le jury œcuménique en témoigne par sa présence discrète et compétente depuis 1974. Cannes, lieu de révélation spirituelle dans la recherche d’esthétique et dans le thème traité, les chrétiens ne s’y sont pas trompés : ils portent un regard particulier de foi et d’espérance en l’être humain voulu et infiniment aimé par Dieu. En toute circonstance, Jésus adopte une attitude d’amour, de fraternité, d’écoute et de disponibilité. Il n’a parlé de Dieu qu’en rendant compte de ses gestes. Merci aux artistes qui éveillent en nous l’écoute et le regard attentifs, une sensibilité accrue à ce qui touche profondément notre humanité, tant dans ses drames que dans ses joies.

Florence, Carmélite de St Joseph , 1 juin 2011

© Copyright Carmélites de Saint Joseph - Contactez-nous