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Actu09

J’avais faim…

Une grave sécheresse a déclenché une famine menaçant 12 millions de personnes en Somalie, en Ethiopie, au Kenya, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda. Il a fallu attendre que les Nations Unies décrètent la famine en Somalie pour que l’aide humanitaire commence à arriver dans les hameaux les plus reculés de la région et ce, à dose homéopathique. Nous avons attendu la catastrophe pour déclencher l’aide humanitaire nécessaire, encore très insuffisante et essayer de pallier à l’extrême urgence. J’entends le cri incessant du Pauvre, affamé de pain, mais aussi de justice ! « J’ai eu faim, vous ne m’avez pas donné à mangé… » (Mt 25, 43).

Selon les experts, chaque fois que des Africains meurent de faim, un déploiement humanitaire, diplomatique et médiatique est nécessaire pour que des gouvernements, africains ou étrangers, répondent aux besoins. La conférence de Rome (25 juillet 2011) convoquée par l’ONU déclenche un plan d’ « aide internationale massive et urgente » selon les termes de Jacques Diouf. Les fonds nécessaires n’ont pas pu être réunis alors que la semaine précédente, les dirigeants européens ont trouvé le centuple du montant nécessaire pour sauver l’euro et le système bancaire… Certes, investir à long terme dans l’agriculture « pour permettre aux plus pauvres de se nourrir eux-mêmes », élaborer une véritable politique visant l’autosuffisance alimentaire, n’est pas rentable... Mais, rappelons-nous, « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien en effet il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. » (Mt 6, 24) Or, servir Dieu, c’est servir son frère dans le besoin…

Mohammed Moussaoui, le Conseil français du culte musulman, a appelé les fidèles « à faire vivre l'esprit de ce mois (de Ramadan), empli de solidarité et de générosité, en portant leur soutien aux ONG mobilisées » en Afrique. « Même si les agences humanitaires se mobilisent pour répondre à la gravité de la situation, il est trop tard pour faire autre chose que traiter les symptômes les plus graves », écrit Simon Levine, expert de l'Overseas Development Institute, un centre d'études et de réflexion sur le développement. « Cela aurait coûté beaucoup moins cher de prendre des mesures pour maintenir en vie une vache qui fournit du lait et des revenus, que de nourrir des enfants malnutris, mais très peu d'investissements ont été faits quand il était encore temps pour cela », déplore-t-il sur son site internet. Ce n’est pas la première fois qu’une région africaine est touchée par la famine. Pareille catastrophe ne surgit pas subitement comme une irruption volcanique, mais se développe peu à peu. Le cycle infernal des signes d’alerte est connu et pourtant ignoré… J’appartiens à un peuple occidental repus et ne suis pas indifférente ; j’ai mal : notre logique de rentabilité est une logique meurtrière... Je me redis, en voyant la photo d’une personne dénutrie, que sa souffrance n’a peut être pas encore suffisamment pénétré notre conscience… « J’ai eu faim, vous ne m’avez pas donné à mangé… » (Mt 25, 43).

Ce qui se passe dans la « Corne de l’Afrique » n’est qu’une toute petite partie émergée de l’iceberg. Un tiers de la population mondiale souffre de la faim ou est gravement carencée et il est peu probable que la situation s’arrange avec le réchauffement climatique… Un sursaut de solidarité est-il encore possible ? Comprendrons-nous un jour qu’éradiquer la famine est une priorité ?


Sr Florence, Carmélite de St Joseph , 15 août 2011

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