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Actu09

Costa dis Concordia

Je n’ai pas essayé de compter tous les papiers publiés sur le naufrage du Costa Concordia qui a eu lieu il y a plus de 15 jours. C’est absolument impossible, tant il y en a eu !

A la lecture de quelques uns d’entre eux, j’ai été sidérée par les prises de positions extrêmement hâtives, fustigeant le commandant du navire et le condamnant de façon irrévocable. En effet, à en croire de nombreux journalistes, le commandant du navire est le antihéros consommé, couard, irresponsable et déserteur ! Selon d’autres, certes beaucoup plus rares, notre même commandant est le héros en puissance, avec toutes ses qualités : courage exceptionnel, sens de sa responsabilité, marin expérimenté ! Etonnant, me suis-je dit, dans un premier temps. Grave ! Pensais-je dans un second temps.

Grave, oui, je le crois. Une fois de plus, des médias se sont acharnés sur un homme avant la fin d’une enquête sérieuse sur ce qui s’est effectivement produit. En pays civilisé, une procédure de justice est organisée pour enquêter et comprendre les responsabilités de chacun et juger des actes posés. J’accepte d’entendre qu’une foule puisse se déchaîner pour ou contre quelqu’un, tant il est facile de jouer sur un phénomène de masse et sur l’affectif ; en revanche, que des médias, qui ont le rôle, sinon le devoir de médiatiser un événement - en transmettre l’information et non l’interpréter -, ne prennent pas la distance de l’analyse, je comprends beaucoup moins. Au lieu de nous aider à la prise de distance, les médias ont amplifié l’une ou l’autre voix, dénonçant un commandant antihéros ou le magnifiant comme super-héros, au risque de tomber dans une sorte de manichéisme primaire. Dans cette alternative radicalement exclusive, nous sortons de notre humanité pétrie d’un savant mélange d’héroïsme possible et d’extrême vulnérabilité.

Alors, aujourd’hui, j’ai envie de prendre la défense d’un homme, d’un commandant qui est d’abord un être humain. C’est un homme avec toute sa force et toute sa faiblesse. Il n’est certainement pas arrivé à son poste de commandement sans avoir fait preuve d’expérience de la navigation, de courage et de responsabilité ; certainement aussi, comme chacun d’entre nous, a-t-il non seulement les défauts de ses qualités, mais aussi est-il capable de perdre ses moyens… Porter la responsabilité de plus de quatre mille personnes n’est pas l’apanage du premier petit moussaillon venu. Que nous le voulions ou non, le commandant mérite d’être respecté, en tout premier lieu du fait de sa qualité d’être humain et en second lieu pour tout le travail qu’il a déjà accompli avec compétence. Combien de milliers de vacanciers a-t-il mené à bon port ? Personne ne le dira. Combien d’écueils et de dangers a-t-il su éviter ? Nul ne le saura… Qu’un grave accident survienne, même avec une faute humaine avérée, et notre commandant est traîné plus bas que terre ! Certes, il y a mort d’hommes… et c’est grave, mais nous ne connaissons pas encore les circonstances exactes de la catastrophe. A l’instar de certains témoins, peut être découvrirons-nous que le commandant a eu un geste de salut extrêmement précis avec largage d’ancre au bon moment pour éviter un naufrage en pleine mer et des milliers de morts par la même occasion ?

Le capitaine Schettino est avant tout un être humain ; à ce titre et au nom de la dignité de l’homme, quel qu’il soit, il mérite respect et estime. Il mérite surtout que nous lui rendions justice, c’est-à-dire que nous jugions l’ensemble de ses actes à leur juste valeur et que nous fassions de même avec tous les acteurs de ce drame.

Sr Florence, Carmélite de St Joseph , 1er février 2012

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