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« L’Évangile me parle... »

Depuis quelques jours, l’actualité ne me parle plus du tout : c’est la cacophonie la plus totale, parce que la bataille se joue à l’intérieur même d’une fratrie, appelée par son grand frère, Jésus lui-même, à faire communauté, voire communion:
« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra comme mes disciples » (Jn 13,35).
Et je suis au milieu d’une vraie scène de ménage où la vaisselle vole et se brise en éclats (de voix) !

Depuis quelques jours, j’assiste impuissante à une polémique née d’une interview du magazine 'La Vie' au Cardinal Monseigneur André Vingt-Trois à propos du sujet sensible de la laïcité. Courriels d’amis, courrier des lecteurs, débats en communauté, bons mots : les réactions violentes vont bon train. Bref, on ne sait plus qui écouter du garant de la bonne conduite ou de l’offensé blessé. Chacun est comme piégé, par une petite phrase qui, sortie de son contexte, nourrit soit la colère et la blessure de personnes ne se sentant pas ou plus accueillies dans leur Église, à cause des exigences prônées par l’institution; soit la justification à tout prix d’un bel idéal de progrès social, né des valeurs chrétiennes des premiers siècles …

Et comme l’actualité ne me parle plus, je ne m’engage pas non plus, refusant de choisir entre l’un ou l’autre camp !

Quel avantage à être Chrétien ? Quelle Bonne Nouvelle que l’Évangile, si nous ne pouvons tenir ensemble, sans contorsions mensongères ou compromissions, les valeurs universelles prônées pour notre bonheur et la dure réalité contemporaine et particulière de mon petit quotidien de pécheresse ?

Justement, aujourd’hui, une petite phrase recueillie dans l’évangile de Marc (Mc 8,34-38) m’a "réveillée" à l’oraison matinale. Jésus disait à la foule et aux disciples (et il y a de tout dans cette assemblée-là, de bons Juifs, scribes et docteurs de la loi, comme de mauvais bougres et des femmes polygames aux mœurs légères) :
« Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, Le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges »
.
Et, dans la logique de l’article, je voyais les bons juifs pharisiens se frotter les mains et les pauvres pécheurs, les publicains et les prostituées partir malheureux ou en colère.

Or, ce n’est pas du tout la réalité de l’évangile et de l’accueil inconditionnel de Jésus ! C’est absolument l’inverse ! Les "bons" veulent se débarrasser du gêneur et les "tordus" courent pour l’écouter. Pourquoi ne se sont-ils pas sentis rejetés, divisés en eux-mêmes, par l’insulte : « génération adultère et pécheresse » (entre nous, pas plus élogieuse que « polygame » !). Et bien, c’est parce qu’ils s’en fichent complètement d’être adultères et pécheurs !!! Oui, complètement. Parce qu’ils ont en face d’eux l’antidote radicale, ils n’ont pas honte de sa parole, parce qu’ils savent en l’intime d’eux-mêmes que Jésus est leur Sauveur, que « la gloire de son Père avec les saints anges » sont pour tout de suite, sans délai, ni peur, ni récrimination, ni colère.

Avec Jésus, l’enjeu n’est pas tant d’être un bon monogame, pratiquant, et père de famille nombreuse ou de vivre de monogamies successives (terme, à mon avis, plus ajusté à la condition actuelle dénoncée par l’archevêque de Paris que le mot "monogamie") … Par conséquent, la question n’est pas de faire bien ou de faire mal ; d’ailleurs nos grands spirituels et Docteurs de l’Église, au Carmel (Jean de La Croix et Thérèse de Lisieux) nous ont donné leur réponse, chacun en leur temps : « L'Amour, j'en ai l'expérience, Du bien, du mal qu'il trouve en moi, Sait profiter (quelle puissance), Il transforme mon âme en soi ». L’Amour transforme tout (et le bien et le mal), et il appartiendra aux anges de brûler l’ivraie et les détresses de nos vies.

Á mon humble avis de lectrice de la Parole, la seule question qu’un Chrétien doit se poser, pour son aujourd’hui, est seulement la suivante : suis-je certain, convaincu, heureux, confiant que dans mon Église se trouve l’antidote radicale ? Et, si je puis me permettre … , est-ce qu’aujourd’hui les Ministres ordonnés de mon Église laissent la Parole de Jésus se propager au cœur des personnes et des débats, et dispensent-ils, avec la même prodigalité que celui-ci, la miséricorde et la douceur promise ?

Bref, tout cela pour dire que ce n’est pas l’actualité qui me parle, mais l’évangile ! Dites-moi chère Sœur Web Master … y’a-t-il une rubrique pour « l’Évangile me parle » sur notre site ?

Sr Nathalie, C.S.J. St Guilhem-le-Désert, 17 février 2012

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