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Halte à la culture de mort !

L’idée fait son chemin. Aujourd’hui, on y réfléchit ; demain, on légifère ! Une fois encore, les partisans d’une culture de mort livrent une bataille des mots pour faire passer l’inacceptable. Ainsi l’avortement est devenu IVG comprenant le mot « interruption » qui évoque la possibilité d’une reprise alors que le meurtre d’un enfant en devenir est irréversible.

Deux chercheurs en bioéthique nous proposent le concept d’ « avortement post-natal » en lieu et place du « meurtre d’un (enfant) nouveau-né ». Vous pourriez lire leur article publié en février 2012 dans le très sérieux Journal of Medical Ethics. Je vais essayer d’en partager l’essentiel du contenu. Pour dire vite, les deux auteurs plaident pour le droit de supprimer des nouveau-nés de la même manière que l’on peut avorter. Leur argumentation est développée en trois étapes.

La première reprend l’idée d’une « euthanasie néonatale » pour les enfants nés avant qu’un handicap ne soit diagnostiqué ; cela se pratique aux Pays-Bas dans le cadre du protocole de Groningue qui permet de faire disparaître des nouveau-nés malformés. Cet « avortement de rattrapage » n’est pas suffisant pour les auteurs de l’article Francesca Minerva et Alberto Guibilini car il se base sur le « propre intérêt » de l’enfant ; en effet la suppression de l’enfant handicapé ne peut être décidé qu’au regard des perspectives qui sont les siennes et de sa qualité de vie future, difficiles à évaluer.

La deuxième étape consiste donc à s’affranchir de ces considérations « compassionnelles » et à faire valoir les « intérêts des parents », comme c’est le cas dans l’interruption volontaire classique où seule la volonté de la mère suffit à la décision. Or, les deux bioéthiciens écrivent : « Si des critères tels que les coûts social, psychologique et économique, sont de bonnes raisons pour les futurs parents de recourir à un avortement même si le fœtus est en bonne santé (…), alors les mêmes raisons qui légitiment l’avortement devraient aussi légitimer le meurtre (…) au stade de nouveau-né ».

La troisième étape, plus philosophique est le soubassement intellectuel de leur démonstration : « Un membre de l’espèce humaine n’est pas forcément une personne » ; « dans le cas du fœtus ou du nouveau-né, si nous avons à faire à des êtres humains, nous pouvons affirmer non moins sûrement qu’il ne s’agit pas de personne au sens éthique du terme ». Les deux universitaires d’ajouter : « L’avortement est largement accepté, même pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la santé du fœtus. En montrant que (1) à la fois les fœtus et les nouveau-nés n’ont pas le même statut moral que des personnes véritables, (2) le fait qu’ils sont tous deux des personnes potentielles est moralement sans importance et (3) que l’adoption n’est pas toujours dans l’intérêt de gens véritables, les auteurs soutiennent que ce que nous appelons l’« avortement post-natal » (la mise à mort d’un nouveau-né) doit pouvoir être permis dans tous les cas où l’avortement l’est, y compris le cas où le nouveau-né n’est pas handicapé. »

Il serait intéressant de discuter l’argumentation ne serait-ce que pour mieux réfuter une idée qui fait son chemin dans notre société. Je ne peux me le permettre dans le cadre de mon article. Je tiens cependant à attirer l’attention sur ce fait. Nous sommes devant les conséquences logiques et cohérentes du « droit » à l’avortement, conséquences au caractère immoral et injuste, qui auront peut être le mérite de faire surgir une prise de conscience. Le danger d’une autorisation de l’infanticide médical comme « avortement de rattrapage » ne peut être sous-estimé. L’article soulève une question : si nous acceptons l’avortement, pourquoi n’acceptons-nous pas l’infanticide ? Quelle différence morale y a-t-il entre un fœtus de trois, six ou neuf mois et un nouveau-né ? Effectivement, il n’y a pas de différence : l’avortement est un meurtre de la conception de l’enfant à sa naissance. C’est la raison pour laquelle certains bioéthiciens ont choisi de parler de corps fœtal, insistant sur la continuité de l’évolution d’un même corps, du début à la fin de son existence. Xavier Lacroix invite à s’émerveiller de la beauté du corps fœtal comme on s’émerveille devant celle d’un nouveau-né ! Mais voilà, l’argument peut être retourné au profit de la culture de mort, niant toute dignité et tous droits à un être qui n’a encore ni parole, ni défense.

En réduisant le nombre d’individus dignes de faire partie de la catégorie de « personne », on ouvre la porte à des restrictions graves et à des dérives dangereuses. Il est difficile de ne pas penser aux sociétés qui ont légitimé l’infanticide, que ce soit dans l’Antiquité gréco-romaine ou dans certaines tribus. actualité-29N’oublions pas non plus les régimes totalitaires du XXe siècle pour lesquels les personnes handicapées, asociales et dissidentes constituaient des êtres anormaux et inutiles qu’il y avait d’autant moins de raisons de garder en vie qu’ils coûtaient cher. Devra-t-on considérer ce mélange d’utilitarisme et de cynisme comme le dernier progrès à la mode ? Il importe donc de nous demander quels critères sont nécessaires pour l’appartenance à cette catégorie en partant du principe que « la grandeur d’une société se mesure à la manière dont elle traite les plus faibles ».

Sr Florence. , C.S.J. St Martin Belle Roche, 1er juin 2012  

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