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Héritiers des troubadours

Cette année encore, pour sa 26e édition, Le Festival des Arts de la Rue s’anime à Chalon ! 20 compagnies dans le IN, 158 dans le OFF, 27 compagnies étrangères de 9 pays différents, le festival transnational « Chalon dans la Rue » bât son plein et nous fait découvrir Chalon autrement. Pendant quatre jours, la ville est transformée en une immense scène de jeux, de rencontres, de rire, d’émotions, de remises en causes et, de négociations de contrats bien sûr, parce que chacun cherche à vivre de son travail … le tout, dans un climat très bon enfant.

A travers leur travail, de très nombreux artistes de rue font œuvre de réconciliation. Dans ce sens, je citerais « figures libre », une grande déambulation - à la fois monumentale et intimiste - qui sillonne la ville et la transforme. Dans une sorte d’autoportrait de la société, chacun se retrouve face à lui-même et face à l’autre, cet autre si différent et pourtant si proche… il y a nous, les autres et un je ne sais quoi qui nous rassemble. Beaucoup d’artistes nous interrogent avec gravité à propos des grandes questions de notre humanité et de notre vie ensemble.
Passant par la place de la femme, des émigrés ou de la mort, dans notre société, à la question de la banalisation de la vie quotidienne, les diverses performances mettent chacune en lumière des réalités nous concernant tous.
J’ai aussi beaucoup aimé certaines représentations pleines de fraîcheur, de poésie, de musique et d’humour. Parfois, au détour d’une rue, c’est simplement la surprise de rencontrer de «drôles de pigeons» qui errent dans la rue, à la recherche de quelque nourriture…

Bien souvent, ces artistes traînent avec eux une mauvaise image ; artistes de rue, ils sont parfois vite associés aux « personnes de la rue », celles qui habitent la rue, faute de mieux ! Non, ces artistes sont des hommes et des femmes qui, bien souvent ont charge de famille. Je repense à tels de ces amis, qui, après leur représentation, ont été si heureux de m’annoncer la naissance de leurs jumeaux.

Ces hommes et ces femmes ont entrepris un travail de recherche et de communication de ce qui leur apparaît essentiel pour vivre ensemble, un travail de sens, de philosophie, de questionnements et nous en font par à travers une médiation artistique souvent remarquable dans sa réalisation. Tout y est : prouesses corporelles, virtuosité instrumentale, humour, imagination débordante, poésie, interaction avec le spectateur qui, finalement, devient lui-même acteur… Peut être est-là l’un des critères d’un spectacle réussi : le spectateur devient acteur de sa vie, de ses relations, de sa façon d’être au monde, à lui-même et aux autres. Ces artistes, héritiers des troubadours, sont des tisseurs de liens.

Chaque fois qu’il m’est donné l’occasion de déambuler dans les rues de Chalon lors du festival, je rends grâce pour tous ces bâtisseurs d’humanité qui trouvent le moyen de rendre accessible à tous les questionnements les plus existentiels.

Sr Florence , C.S.J. St Martin Belle Roche, 1er août 2012

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