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Evolution et repères... parlons en!

«Notre société évolue ; de ce fait, tous nos repères anthropologiques et sociaux sont mis à mal. Alors qu’il semble si important de défendre les particularités de chacun au nom de la tolérance et de la liberté des personnes, nous ne cessons d’entendre l’écho d’un discours dominant, égalitaire, niant la différence entre les personnes homosexuelles et hétérosexuelles par rapport à la procréation ; à lire bon nombre d’articles sur la question, il ressort que le lien entre la conjugalité et la procréation ne serait pas pertinent pour notre vie en société ! Et pourtant… depuis que l’espèce humaine est sur la terre, elle sait bien que les deux sexes sont à égalité et indispensables à la vie ; la dualité sexuelle homme/femme n’a rien d’extraordinaire en cela puisqu’elle est l’une des « propriétés des vivants » ; en effet, aucune espèce ne se reproduit en dehors de cette complémentarité de deux sexes différents. Tout le monde connaît cette évidence !

Nous entendons la revendication de la part de personnes homosexuelles de pouvoir donner un cadre juridique à une relation qu’elles souhaitent inscrire dans le temps et de se voir reconnaître une autorité parentale. Avec un certain nombre de nos évêques, je crois nécessaire et indispensable d’entrer dans un véritable débat dans le souci du bien commun.

Connaissons-nous les trois grandes positions pour ou contre le mariage de personnes de même sexe ? Peut-être avons-nous besoin de nous écouter, de nous accueillir différents, de reconnaître le conflit existant entre la signification du mariage hétérosexuel et l’expérience homosexuelle contemporaine pour qu’un débat s’instaure ? Aucun travail politique sérieux ne peut être entrepris sans la prise de conscience des enjeux des divisions et des différences dans ces positions.

En effet, selon Paul Ricoeur, « est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ses contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage » (Dictionnaire de la Langue française, « Démocratie »).

Pour que le débat de fond puisse s’instaurer, il nous faut commencer par respecter tous les acteurs et leur permettre de s’exprimer librement et profondément. Si toute réticence et interrogation devant une réforme du droit de la famille est d’emblée qualifiée d’ « homophobe » ou si la requête des personnes homosexuelles est a priori disqualifiée, nous ne pourrons réfléchir ensemble et protéger le bien commun. L’Evangile nous appelle au respect de chacun dans ce qu’il est, fondamentalement. Du côté de l’Eglise catholique, la Congrégation pour la doctrine de la foi s’est prononcé, dès 1976, en faveur d’une attitude d’écoute, de respect et d’accueil des personnes homosexuelles dans notre société. Dix ans plus tard, cette même Congrégation condamnait toute expression malveillante ou geste violent à l’égard de ces mêmes personnes.

Le mariage va beaucoup plus loin qu’une reconnaissance d’une relation amoureuse et en premier lieu, dans le droit français. Il a toujours eu la fonction sociale d’encadrer la transmission de la vie en articulant, dans les domaines personnel et patrimonial, les droits et devoirs des époux entre eux et à l’égard des enfants à venir. Les textes de loi n’envisagent pas la conception individualiste véhiculée par le discours ambiant. Sur un plan anthropologique, je crois grave d’entrer dans l’illusion de vivre sans son véritable lien de « fils de » ou « fille de » en référence à ses véritables parents, ceux qui ont donné vie. Il serait beaucoup trop long d’entrer maintenant dans toute la portée symbolique et juridique du mariage, l’alternative offerte avec le PACS, les enjeux du débat pour l’avenir et l’évaluation des conséquences juridiques de la réforme envisagée…

Il me faudrait beaucoup plus que cette page et je ne prétends pas pouvoir faire le tour de la question seule. Je souhaite t’interpeller sur la question, toi qui as eu le courage de lire ma page. Nous avons un défi essentiel à relever aujourd’hui : celui d’oser débattre des divers arguments, de peser les enjeux d’une question de société grave par son poids de conséquences, d’oser inventer, peut être, une nouvelle forme de contrat, mais surtout, d’avancer en toute honnêteté pour défendre le bien commun, tout autant que les droits et les libertés individuels. Saurons-nous êtres suffisamment respectueux et inventifs pour trouver une solution originale qui fasse droit à la demande de reconnaissance des personnes homosexuelles sans pour autant porter atteinte aux fondements anthropologiques de la société ?

Sr Florence, csj Le 1er novembre 2012

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