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"A la maison"

Cette expression, tant de fois prononcée en famille, très souvent entendue dans des petits coups de fils donnés par des compagnons de voyage peu discrets, désigne un lieu précis intime qui appartient à chacun d'entre nous et bien différent pour chacun. Pas besoin de préciser l'adresse : le lieu est connu des interlocuteurs ; il porte toute l'histoire d'une famille, son intimité, la vie avec ses bonheurs et ses drames, l'amour et la discorde. C'est le lieu qui rassemble, où les liens fraternels se renforcent, où on convie des amis, où on revient après une absence…
C'est cette expression que j'ai entendue dans l'invitation que le pape François adressait depuis Bethléem aux présidents palestinien et israélien à "se tenir ensemble pour prier pour promouvoir la paix". Quelle proposition étonnante dans cette terre déchirée par un conflit qui dure depuis tant d'années ! L'arrêt silencieux du pape devant le mur séparant Israël des territoires palestiniens a été plus fort que tous les discours pour dénoncer l'absurdité de cette situation et les drames qu'elle entraîne. Cette initiative impressionnante de sincérité et d'humilité, loin des recherches de solutions, des tractations politiques, a su toucher les coeurs. Messieurs Peres et Abbas y ont répondu favorablement.
La rencontre ne pouvant se tenir en Terre sainte, c'est "dans sa maison", que le pape a reçu, avec un frère orthodoxe, des croyants des deux grandes religions monothéistes. Ce n'était ni un sommet politique, ni une négociation mais une pause, un temps religieux où chacun a prié dans sa tradition suivant le même schéma : louange à Dieu dans la Création, demande de pardon et invocation du don de la paix. La prière a été suivie de la plantation à trois d'un olivier dans les jardins du Vatican. Cette rencontre a manifesté les liens fraternels unissant les protagonistes. Les textes choisis par chacun d'eux ont montré combien les trois traditions religieuses ont des éléments de foi qui mènent à la paix! Lors de cette soirée le verset du Ps 133 semblait se réaliser : "Qu'il est bon, qu'il est agréable le séjour des frères ensemble".
Cette rencontre est un moment historique avec une très forte valeur symbolique. "La paix est un don de Dieu, mais elle demande notre engagement" a twitté le pape le 6 juin. Par leur présence, les deux présidents se sont engagés à promouvoir la paix pour leurs pays. Ils ont cru en "la force faible et désarmée de la foi et de l'amour" (A.Riccardi), se décentrant de la volonté de puissance de chefs d'état. Ils ont donné un signe positif à leurs deux peuples ouvrant la voie à un changement de mentalités, de manières d'envisager la paix. De plus en acceptant cette pause de prière, ils ont montré que le conflit n'est pas religieux. Leurs successeurs ne pourront pas ignorer cet événement et continuer à instrumentaliser les religions. On voit déjà dans d'autres parties du monde, l'importance du facteur religieux ; pour Jérusalem, la résolution du conflit devra impliquer les religieux. Rappelons combien la réconciliation franco-allemande a été portée par les aspirations spirituelles des pionniers. Nous souhaitons la même issue pour tout le Proche-Orient.
Cette invitation à prier pour promouvoir la paix s'adresse à tout croyant. La simplicité de cette rencontre "à la maison" incite chacun à s'engager. Vivons ce don de Dieu dans la disponibilité, l'humilité et l'accueil de l'autre.

Marie-Thérèse et François Chrétien 15 juin 2014

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