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Veilleurs d’aurore…

C’est difficile pour moi de me décider devant notre actualité. Comment et où discerner des lieux et des actions sources de vie pour notre monde, pour notre humanité ? Où que nous portions le regard, il semble que ce ne soit que catastrophe sur catastrophe… Ebola, Ukraine, Syrie, Liban, Irak, Israël et Palestine, montée de l’islamisme et avec lui des nationalismes, exils forcés, chômage, fermeture d’usines, agressions sexuelles et assassinats, disparitions et enlèvements, etc. La liste serait bien longue à dresser le bilan des mauvaises nouvelles qui remplissent nos journaux. Il semble que le feu de la haine et de la guerre se répand comme une traînée de poudre, à une vitesse vertigineuse.

Alors, au milieu de tout cela, l’espérance a-telle encore un sens ? Pouvons-nous encore croire que l’homme est un être de relation fait pour construire un monde où il ferait bon vivre ? Je perçois le danger à se laisser entraîner dans un défaitisme stérile sinon mortifère. Comment résister et continuer à croire et espérer en l’homme que je suis, que nous sommes chacun de nous, malgré nos connivences avec le mal qui ravage notre monde ? J’ai envie de tenter une proposition pour chacun de nous, celle de devenir un « veilleur d’aurore ». Devenir « veilleur d’aurore » suppose d’accepter de durer dans une sorte d’entraînement sportif, celui de s’engager à poser et repérer les gestes fraternels dont nous pouvons être témoins. C’est un peu ce que j’ai essayé de faire ces dernières semaines.

Je me suis réjouie de la solidarité pour cet enfant handicapé qui nécessite des soins extrêmement coûteux à l’étranger. Famille et amis se cotisent… et voilà qu’un petit entrepreneur décide de verser régulièrement 3% de ses bénéfices pour cet enfant. Les quelques lignes qui relataient cet événement étaient bien petites et bien discrètes. J’aurais pu ne pas les voir et pourtant ! Reconnaître la générosité de ce petit entrepreneur qui s’engageait dans le temps m’a fait du bien.
De même, j’aime à penser à tous ceux qui s’engagent à soigner les malades atteint du virus Ebola, au risque de leur vie, ou à sauver des personnes en exil forcé qui n’ont rien d’autre que les quelques vêtements dont ils sont revêtus…
Et plus près de nous, quels gestes de générosité et de fraternité sommes-nous témoins ? Je repense à cet automobiliste qui a pris le temps de protéger cette personne qui venait de faire un tête-à-queue dans un rond-point, à cause d’une flaque d’huile qui lui a fait perdre tout contrôle de son véhicule. Il s’est fait solidaire en protégeant le chauffeur d’un sur-accident, mais a été jusqu’à s’assurer que tout allait bien et qu’il pouvait reprendre la route en toute sécurité.

La bonté, la solidarité, l’attention à l’autre sont des qualités proprement humaines. Elles sont à notre portée. Si nous apprenons à les repérer et à les développer en nous et autour de nous, peut-être qu’elles pourraient, elles aussi se répandre dans notre monde comme une traînée de poudre et qui sait, sauver notre humanité ? Le bien ne fait pas de bruit et ne fait pas vendre les journaux, mais il existe en nous et autour de nous. Je propose simplement que nous commencions aujourd’hui à rejoindre la grande chaîne des veilleurs d’aurore présents en notre monde, mais ô combien essentielle, pour que chacun puisse vivre dans sa dignité humaine.
La bonté, la solidarité et la fraternité sont contagieuses ; nous pouvons les faire grandir jusqu’à former un rempart puissant fasse à la violence qui peut nous ravager de l’extérieur comme de l’intérieur !
« Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur… Choisis donc la vie pour que toi et ta postérité vous viviez… »
(Deutéronome, chapitre 30, versets 15 à 20).

Florence csj St Martin Belle Roche, 15 août 2014

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