>>> Accueil > L'actualité me parle... > Vivre ensemble

© Thérèse CHRETIEN,
manifestion à Lyon

Vivre ensemble

"La fraternité permet à la liberté de ne pas être celle du renard dans le poulailler, à l'égalité de ne pas tourner à l'égalitarisme, à l'uniformité, au refus de la différence. "
Patrick Viveret Philosophe Fondateur de "Dialogues en Humanité".

Le 11 janvier, en réaction aux événements sanglants des jours précédents, nous avons participé aux marches qui ont rassemblé des millions de personnes révoltées par la violence des actes, refusant l'intolérable, désirant défendre la liberté d'expression, manifestant leur réprobation à l'antisémitisme, à l'islamophobie, résistant à des courants idéologiques qui veulent semer la terreur en tuant tous ceux qui ne sont pas des leurs. Au delà des convictions politiques et des vérités religieuses nous avons vécu un moment de communion nationale.
Ensemble, nous avons eu l'impression d'être forts ; la présence bienveillante de l'autre effaçait la peur. Ensemble, les "Je suis…", déclaration individuelle d'identité, manifestaient un besoin de cohésion nationale. Ensemble nous avons montré notre solidarité pour défendre des valeurs qui fondent notre société.
Mais la vague émotionnelle ne doit pas brouiller la raison. Des incidents ont montré aussi la fracture sociale qui existe et la limite de la laïcité.
Alors comment vivre ensemble ?
Nous avons découvert que ceux que nous appelons "barbares" du fait de leurs actes peuvent être de jeunes français apparemment bien intégrés. Ces jeunes gens en quête désespérée d'un sens à leur existence ont été piégés, enrôlés dans une idéologie meurtrière. Sans tomber dans de tels extrêmes, de nombreux jeunes se trouvent dans une grande ignorance des valeurs civiques, de ce qui fonde "le moi communautaire". Il y a urgence pour les politiques de porter remède à ce problème qui a de nombreuses causes. Mais chaque adulte est concerné.
Chacun peut exercer sa propre responsabilité en reconnaissant la violence qui l'habite et en s'efforçant d'accepter que l'autre est son égal, mais qu'il est différent par son histoire, ses convictions politiques ou religieuses, ses coutumes. Cela demande de se connaître, de se parler, de dialoguer, de partager en vérité et en humanité. Je pense aux rencontres du Secours catholique dans mon quartier où chaque vendredi des personnes, principalement des femmes maghrébines, se rencontrent pour apprendre leur français ou le perfectionner. Nous échangeons sur la vie quotidienne et nous nous enrichissons mutuellement, mais je suis frappée par l'ignorance de ce qui les entoure, des coutumes, des institutions, de l'histoire du pays dans lequel elles vivent depuis très longtemps parfois.
La question des religions a été encore d'actualité avec l'assassinat en Libye d'égyptiens coptes. La laïcité à la française a habitué beaucoup d'entre nous à ne pas parler religion. Dernièrement l'Etat français s'est vu obligé à ne pas mentionner la religion des victimes. La recherche et la vie spirituelles font partie de l'identité des personnes. Il n'est plus possible d'exclure Dieu de la vie ordinaire. Les croyants ne sont donc pas des ennemis ; ils sont rattachés par la fraternité. Le dialogue institutionnel interreligieux existe depuis longtemps, mais il faut le développer en proximité pour que chacun découvre la richesse de la croyance de l'autre.
Pour lutter contre la violence et la division nous sommes tous invités du 7 au 14 mars à suivre l'appel interreligieux au jeûne, à la prière et au partage.

Marie-Thérèse et François CHRETIEN 1 er mars 2015

© Copyright Carmélites de Saint Joseph - Contactez-nous