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L'étrange histoire de Benjamin Button

Film de David Fincher

"La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans". De cette phrase de Mark Twain, F. Scott Fitzgerald a tiré une nouvelle, adaptée au cinéma par David Fincher dans L’étrange histoire de Benjamin Button.

Benjamin naît vieux et va vivre sa vie à l’envers.

Ce conte fantastique vient nous interroger sur la différence, le sens de la vie, la mort. Qu’est ce que vieillir ? Le temps s’écoule inexorablement. Que ce soit à l’endroit ou à l’envers, le temps qui passe ne reviendra pas.

Benjamin rajeunit peu à peu. Pourtant cela ne l’empêche pas de souffrir du temps qui s’égrène et s’échappe, des séparations, de la mémoire qui s’efface, de la mort. Rajeunir lui devient même un handicap, puisqu’il ne peut vivre sa paternité. Finalement, ne passe-t-il pas à côté de la vie ?

( Sr Valérie Depériers )

L'Etrange histoire de Benjamin Button s'interroge sur le sens de la vie.

Fincher filme une histoire d'amour hantée par l'abandon impossible de l'un à l'autre et laisse apparaître, dans un même élan, du romantisme et de grandes questions existentielles : l'inexorabilité du temps qui passe, la perte des êtres chers, la douleur amoureuse. Il capte, sans avoir l'air d'y toucher, en une douceur qui se révèle cruelle, ce temps perdu qui jamais ne se rattrape. Il soulève également des questions sur les normes sociales : comment elles pénètrent, envahissent toute propension à la différence chez les individus.

On sent transparaître au long du film l’idée que quelqu’un ne peut avoir sa place dans la société que s’il remplit une case préexistante.

Un bébé né vieux est rejeté par son propre père qui ne l’acceptera que quand il aura suffisamment rajeuni pour pouvoir avoir l’air de son fils et surtout quand il sera près de la mort lui-même. Mais c’est un peu la même chose avec tous les gens autour du héros du film. Ils ont du mal à accepter la différence et ils en restent à l’apparence. Sauf la mère adoptive de cet enfant qui le considère comme l’enfant de Dieu, car elle veut un enfant et n’arrive pas à enfanter.

Cela développe chez Benjamin une distanciation par rapport aux autres et au monde qui le transforme en témoin de l’histoire et de la vie. Il traverse le monde et ses guerres et conflits avec la passion d’un homme « normal » mais avec aussi une distanciation qui donne un peu de profondeur à cette vision superficielle.

Autant vous prévenir, ce film fait pleurer les yeux… Alors, à vos mouchoirs !

( Sr Delphine Grisé )

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