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« Intouchables »

Comédie française d’Éric Toledano et d’Olivier Nakache, sorti le 2 novembre 2011, 1h 52min, avec François Cluzet et Omar Sy.

Faire du lien

Difficile de rester indifférents au message du film « Intouchables », même s’il n’aura sans doute pas le titre de chef d’œuvre du 7e art, il a le mérite de réunir, rassembler, initier un formidable bouche-à-oreille enthousiaste qui dit tous les possibles de notre infinie soif humaine à sortir du désenchantement et des clivages : riche-pauvre, noir-blanc, jeune-vieux, valide-handicapé, chômeur-travailleur, XVIème-banlieue, etc. ... vous continuerez la liste. Le message est le suivant « faire du lien ». Voilà un film qui fait du bien et du lien, parce que nous avons bien besoin de ces exemples de solidarité et d’amitié humaines (je rappelle que le scénario est basé sur une histoire vraie). Nous assistons pour chacun des deux personnages à une véritable écoute et transformation réciproque (oserais-je le mot de conversion ?) : le tumultueux se pacifiant, et l’homme d’esprit consentant à habiter son corps et sa vie. Bref, un film où chacun est renvoyé à son frère.

En ce mercredi 30 novembre, un petit reste de la communauté de Saint Guilhem, est partie joyeusement en direction de Clermont L’Hérault, entassée à cinq sœurs dans notre petite Clio blanche, pour une détente communautaire. Ce fut, effectivement, rendons grâce à Dieu, presque deux heures de fous rires et d’émotions mêlés, toujours justes, jamais apitoyants ni vulgaires. Sur ce plan-là, le film est une réussite due sans doute au naturel des acteurs, à une bande originale du film qui colle parfaitement à la narration, un bon rythme des répliques tout en équilibre et de très beaux éclairages. 

Sur le chemin du retour, le cœur en fête, nous sommes sollicitées pour écrire un petit mot pour notre site Internet, la rubrique « Coup de cœur », je le rappelle, faisant faillite. L’ambiance tombe suivie d’un gros silence dans la voiture, forcément on est toutes bien débordées, et puis bon ce n’est pas parce que l’on a bien ri ensemble que le film mérite un article. Mais ce film a parlé dans notre actualité. 

Finalement, c’est à l’oraison du soir que les mots me viennent, en écoutant saint Paul (Rm 10, 9-18), en cette fête de saint André, apôtre. Un lien se fait entre le film et la Parole de Dieu. Voilà ce que je lis aux derniers versets de l’épître : « C'est donc que la foi naît de ce qu'on entend ; et ce qu'on entend, c'est l'annonce de la parole du Christ. Alors, je pose la question : n'aurait-on pas entendu ? Mais si, bien sûr ! Un psaume le dit : Leur cri a retenti par toute la terre, et leur parole, jusqu'au bout du monde. » Et là, « dans l’excès d’une joie délirante » … je me suis dit, mais les voici les nouveaux apôtres qui font retentir la parole du Christ et nous font croire à la fraternité indéfectible, ce sont nos deux réalisateurs Éric Toledano et Olivier Nakache ! 

Un autre point, qui m’a semblé intéressant, est le lien entre l’art et notre être intérieur. Les réalisateurs nous donnent quelques mises en garde au préalable : l’art ne doit pas être snobisme (un opéra en allemand de quatre heures avec un arbre qui chante !), ni spéculation ou piège à fric (non pas 30000€ mais 41000€), ni une échappatoire (se perdre dans un Ave Maria et se couper du monde pendant que tous portent des écouteurs, ou encore écrire des poèmes pour empêcher la rencontre). Mais, l’art détient la clé des symboles qui permettent d’entendre, de comprendre, de transcender la vie … et donc, de faire du lien. La scène d’embauche dans l’entreprise de coursier en est très révélatrice. On y voit un Omar Sy, comme libéré, détectant l’alexandrin et les Montres molles de Dali, et faisant sourire son interlocutrice. Il est relié à quelque chose de plus grand que lui qui le fait tendre vers le haut et il est en lien avec la personne qui le reçoit, dans une juste distance, pas seulement celui du dragueur qui « kiffe grave ». 

Elle continue de courir la Parole, et nous-mêmes en partageant notre joie, nous amplifions ce chant immense commencé à la nuit des temps. Je ne suis pas allée voir comment les réalisateurs étaient chaussés : « Comme il est beau de voir courir les messagers de la Bonne Nouvelle ! » Mais je reconnais la responsabilité immense de ces deux hommes-là et de toute leur équipe qui ont travaillé à l’annonce de la Bonne Nouvelle, donc au salut de nos âmes. Le dernier mot s’impose dans un grand respect : Amen !  

Sr Nathalie , Carmélite de St Joseph


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