>>> Accueil > Nos coups de coeur > « Je ne haïrai point »

 

 

 







« Je ne haïrai point »

Un médecin de Gaza sur les chemins de la paix.

Par le Dr Izzeldin Abuelaish Editions Laffont 2010 ,
en collection J’ai Lu, novembre 2012

J'ai lu ce commentaire sur ce livre qui est le témoignage d’un médecin palestinien de Gaza, que certains ont « découvert » en direct sur une chaîne de télévision ; en effet, au cours de l’offensive militaire israélienne, « Plomb durci », lancée contre la bande de Gaza (décembre 2008 - janvier 2009), le 16 janvier exactement, un char de Tsahal tirait sur la maison du Dr Izzeldin tuant trois de ses filles et une de ses nièces. Cette tragédie a fait le tour du monde parce que Izzeldin a appelé au secours un ami juif, qui à ce moment-là était en direct sur Channel 10 et l’a laissé parler, fou de douleur et en pleurs. Cette séquence a bouleversé le monde entier:

"Le docteur a fait cette remarque : « Il y a un message. Dans chaque mauvaise chose, il y a du bon. La mort de mes filles a provoqué un cessez- le- feu unilatéral et a sauvé des vies. »

Ce livre semble intéressant à plusieurs titres :
- D’abord c’est un témoignage sur l’histoire des Palestiniens vue à travers celle d’une famille, mais aussi c’est une évocation du présent : Izzeldine raconte la vie en cage à Gaza, la peur des bombes, l’absence de liberté, l’humiliation des check points. Cependant, il garde la certitude qu’il est possible de « rapprocher deux peuples en écoutant les points de vue des uns et des autres ».
- Ensuite, à ma connaissance, c’est le seul docteur gazaoui qui exerce aussi dans les hôpitaux israéliens ; premier Palestinien à travailler à temps plein comme spécialiste en médecine fœtale et en génétique, il est gynécologue à l’hôpital Shéba de Tel Aviv. Là, au début, on l’appelait « le médecin de Gaza » puis il est devenu « le médecin qui sourit ».
- Enfin, c’est une personnalité reconnue, des deux côtés de la frontière, comme un humaniste qui milite pour la coexistence et consacre sa vie à la réconciliation israélo-palestinienne.

Désormais, il vit à Toronto au Canada, pour le bien de ses enfants lesquels sont orphelins de mère car celle-ci était morte peu avant, en septembre 2008, d’une leucémie foudroyante. « Pour eux, c’était assez de souffrance, assez d’épreuves ». Lui, est professeur agrégé à l’Université de Toronto. Il a créé la Fondation « Daughters for life » qui attribue des bourses et des prix à des jeunes filles du Moyen Orient, juives comme arabes. Il parcourt le monde pour diffuser son message de paix.

Quelques pensées :
« Il est temps de comprendre que l’action militaire n’aboutira jamais à rien. »
« La haine est une maladie. Elle empêche la réconciliation et la paix. »
« La plus grande arme au monde est l’éducation. Les fusils les plus convaincants sont les mots. »
« En tant que médecin travaillant en Israël et à Gaza, je vois la médecine comme un pont entre nous, tout comme peuvent l’être l’éducation et l’amitié. »

Il ne s’agit pas de prendre parti pour les Palestiniens contre les Israéliens, ou de faire de la politique, mais je pense que, lorsqu’un homme a souffert dans sa chair et dans son esprit, sans tomber dans la haine ou la violence, quelle que soit son origine, il mérite d’être « entendu » … A ce titre, je citerai aussi l’Israélien David Grossman, pionnier de la paix en Israël qui, par l’écriture, a voulu exorciser la mort de son fils Uri, tué à la guerre et dénoncer les répercussions de cet état de guerre permanent. (lire le roman d’une force extraordinaire : « Une femme fuyant l’annonce »). "

Sr Brigitte Queraud, communauté Hérouville Saint Clalr

© Copyright Carmélites de Saint Joseph - Contactez-nous