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Profession perpétuelle
de Sr Nathalie Le Gac
à St Guilhem le désert,
le 1er juin 2008

"Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu'il m'a fait ?"

(Ps 115)

Tels sont les mots qui jaillissent en Nathalie après sa profession perpétuelle. Action de grâces et appel à vivre ce qui a été reçu en ce jour...

Comme si nous y étions, Sr Nathalie nous fait revivre sa traversée de ce moment de passage et d'ancrage définitif dans le Corps de la Congrégation, dans le Corps du Christ, avec tous ceux qui l'entouraient.

31 mai 2008 : un concert pour la Visitation

C’est Frère Pierre-Éliane (Carme du couvent de Toulouse, chanteur et compositeur) qui va inaugurer ces trois jours de fête, et donner la couleur du jour à suivre. Une véritable plongée dans l’Amour avec un grand « A ». La veillée-concert avec les poèmes de Yunus Emré (poète soufi d’Anatolie, 13e siècle) est un pur délice pour les oreilles et l’esprit. Il est introduit par une lecture de l’acte d’offrande de sainte Thérèse de Lisieux, pour donner le ton et la profondeur de ce que nous célébrerons, demain, tous ensemble.

L’abbatiale romane du 11e siècle fournit un décor et une acoustique de rêve. Elle est un si bel écrin pour la voix chaude de Pierre-Éliane qui assure aussi à la guitare et à l’harmonica. Une heure de bonheur qui s’écoule alors que nous écoutons, prions, rions, applaudissons. Puis, il faut se quitter car demain la journée sera longue.

Les moments forts d'une célébration pas comme les autres...

A Saint Guilhem, une pluie (que nous espérons bien être de bénédiction !) pour la météo extérieure jusqu’au déluge en soirée, mais du grand soleil dans les cœurs, pour toutes les personnes présentes. Nous assumerons qu’à jour exceptionnel correspond un temps exceptionnel. Nous aurions dû nous méfier … L’évangile du jour (Matthieu 7, 21-27) est pourtant assez explicite ! "La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s'est abattue sur cette maison..." On pourra se dire que le "Bon Dieu" nous a exaucé. En attendant, nous répertorions les bottes en plastique, les vêtements de pluie, pour tous ceux qu’il faudra habiller.

A 10 heures : la répétition de chant assurée par Frère Martin (du couvent de Montpellier) ; à 10 heures trente : notre évêque Mgr Claude Azéma se recueille à genoux devant l’autel. Je m’installe, il se retourne vers moi et me dit : "maintenant, vous passez en pilotage automatique !" C’est la petite phrase qui va m’aider tout au long de la célébration à me fixer sur l’essentiel.

L’abbatiale est comble, environ quatre cent personnes se sont déplacées pour s’associer à cette offrande. Il y a les paroissiens habitués et habituels, les frères, les sœurs, les personnes de notre village, les invités exceptionnels, les curieux et ceux (pèlerins, visiteurs, et touristes) un peu surpris de ce qui se passe. Et pourtant, l’atmosphère reste très recueillie.

En communion...

Á 11 heures, la célébration commence, l’orgue sonne et la longue procession partie du cloître s’avance solennellement dans l’allée centrale. C’est l’évêque qui ouvre la marche, suivi des prêtres, du diacre et du pasteur de l’Église Réformée de notre secteur de mes deux filleuls, Gabriel et Jérémie, et des 38 sœurs du Carmel saint Joseph qui m’ont fait la joie de m’entourer et rendre visible ce Corps du Carmel Saint-Joseph, dans lequel je vais m’engager pour toujours.

Je me sens prête, disponible et paisible. Il y a en moi comme un grand espace de silence et d’attente. Je me laisse porter par tous ceux qui m’entourent et je sais, en arrière fond, que des Carmélites prient pour moi derrière leur clôture, qu’un Frère Carme reçoit à la même heure le sacrement de l’Ordre à Avon, que des enfants, que je connais et que j’aime, communient au Corps du Christ pour la première fois, que des paroisses de Paris, de Lyon et de Montpellier s’unissent à cette célébration, que des connaissances sont en pèlerinage à Rome. Cette communion est très forte et je me sens profondément unie à tous ceux que j’aime.

"Là, t'étais morte ?"

Au moment de la prostration et de la litanie des saints ; je m’allonge les bras en croix devant l’autel. En montrant, quelques semaines plus tard l’album photo à des enfants, ils me questionnent : "là, t’étais morte ?"... Il y a un peu de cela dans ce geste d’abandon et d’humilité, où l’on s’aplatit sur le sol, les bras en croix. Quelle bonne idée que tous ses enfants assis autour de moi, portant chacun un petit caillou au nom de leur saint Patron. Il y a, compris en ce geste, la radicalité du don en Christ et pourtant déjà tendu et promis à une mystérieuse fécondité. Certains se dandinent, d’autres baillent, mais ils prient à leur façon, silencieux, graves. Ensuite ils déposeront, au pied de l’autel, chaque pierre d’édification, car il s’agit bien de "bâtir sur le roc" pour que notre maison ne s’écroule pas.

Engagement...

Puis, je m’engage par ses paroles : "Moi, sœur Nathalie, sûre de la fidélité du Seigneur, comptant sur la protection de la Vierge Marie et l’aide fraternelle de ma communauté, en tes mains, sœur Jacqueline, prieure générale, je m’engage devant Dieu pour toujours, par les vœux de chasteté, pauvreté, obéissance, à suivre le Christ au service de l’Église et de mes frères, selon la Règle primitive de l’Ordre de Notre-Dame du Mont Carmel et la Règle de vie du Carmel Saint Joseph."

Transmettre la paix

Au baiser de paix habituel est substitué un autre geste, celui du bracelet. Pendant ma retraite, j’en ai dessiné trois cent six au feutre bleu turquoise et vert anis. Écho à la première lecture extraite du livre du Deutéronome au chapitre 11 : "Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme. Attachez-les à votre poignet comme un signe". Les enfants distribuent les bracelets en coton sur lesquels sont inscrits "la paix de Jésus" ; et chacun des membres de notre assemblée est invité à offrir la paix et la nouer au poignet de son voisin. C’est chaleureux, il manque des bracelets, on râle un peu... mais on s’arrange.

Prière...

Mon Jésus, mon silence, - Restez en moi -
Mon Jésus, mon royaume de silence,
Parlez en moi - Mon Jésus, nuit d’arc en ciel et de silence,
Priez en moi - Soleil de sang, d’oiseau -
Mon arc en ciel d’amour,
Désert d’amour - Chantez, lancez l’auréole d’amour
Mon amour, - Mon Dieu.
Ce oui qui chante comme un écho de lumière,-
Mélodies rouge et mauve en louange du Père,
D’un baiser votre main dépasse le tableau,
Paysage divin, renverse-toi dans l’eau.
Louange de la Gloire à mes ailes de terre -
Mon Dimanche, ma Paix, mon Toujours de lumière -
Que le Ciel parle en moi, rire, ange nouveau,
Ne me réveillez pas, c’est le temps de l’oiseau !
(Mon Jésus, mon silence, - Restez en moi -)

(Poème d’Olivier Messiaen, Extrait des "Trois petites liturgies de la présence divine", 1943-44, Antienne de la conversation intérieure.)

Le temps de la fête...

Côté fête et après la célébration, toute la famille du Carmel (frères et sœurs) et les amis s’étaient décarcassés pour produire spectacles, numéros de danse et de chant etc. Beaucoup de rires résonnent encore, balayant au passage l’idée d’une vie religieuse morose ! Tous les proches de la paroisse et du village regardent, amusés, étonnés les prouesses artistiques et comiques. Y’a d’la joie !

Cette fête en Église a été, pour nous tous, un bain de "rajeunissement" spirituel... et c’était beau, très beau ! MERCI SEIGNEUR !

Depuis, j’avance encore toute éblouie de ce jour...

Et pour finir : quelques textes...

"Poursuivez donc votre route dans le Christ, Jésus le Seigneur, tel que vous l'avez reçu; soyez enracinés et fondés en lui, affermis ainsi dans la foi telle qu'on vous l'a enseignée, et débordants de reconnaissance."
(Saint Paul aux Colossiens 2,6-7)

"Ainsi tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé; ils se sont précipités contre cette maison et elle ne s'est pas écroulée, car ses fondations étaient sur le roc."
(Évangile selon saint Matthieu 7,24-25)

"J’éprouve une véritable allergie pour toutes les déclarations de foi victorieuses, si foi il y a, c’est plutôt un dérangement de sa vie qu’un appui fort et stable. Si le psalmiste répète : "Dieu est mon roc", c’est bien parce que cela ne va pas de soi et qu’il faut prier."
(Frédéric Boyer, traducteur et éditeur, Bayard, Croire Aujourd’hui, Avril 2008)

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