Matthieu 6, 24-34 : Mains vides ou coffre-fort ?

Encore une fois, Jésus nous place face à un choix : il nous faut choisir entre Dieu ou Mamôn. Sa parole est sans appel : on ne peut servir deux maîtres à la fois ! Pourquoi ne puis-je pas aimer beaucoup Dieu et un tout petit peu l’argent ? Pourquoi cette radicalité exclusive ? Déjà, l’ancien testament nous mettait en garde contre l’amour jaloux du Seigneur “Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole” (Ex 20,3-4) ou l’absolu de l’amour “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force” (Dt 6,5). Il y a incompatibilité de nature entre Dieu et les idoles. Le premier nous rend libre, les autres nous asservissent. En fait, Jésus ne nous met pas devant deux options mais devant deux paradigmes antithétiques. Celui qui choisit Dieu, se met dans une situation de totale pauvreté. Pauvreté, car il se reconnait créature dépendante mais aussi - ce que nous oublions souvent, créature aimée et protégée, c’est-à-dire en alliance. Tandis que celui qui choisit l’argent, se met dans une situation autocentrée, de quête sans fin d'enrichissement et dans l’extrême solitude des jaloux. Aux uns sont l’action de grâce et la joyeuse liberté ; aux autres, la dépendance servile et l’angoisse du manque. « Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, [...] votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin. Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout vous sera donné de surcroît. »

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, samedi 21 juin 2014