Luc 16, 9-15: L’argent comme but ou comme moyen ?

Ce passage de l’évangile pourrait se découper en deux parties, traitant chacune d’argent : la première est la conclusion de la parabole du gérant habile falsifiant les comptes de son maître pour se faire des amis ; la deuxième est la mise en garde de Jésus à ses disciples contre la duplicité de cœur et l'idolâtrie (visant les Pharisiens et tous ceux qui aiment l’argent pour lui-même).

Dans la première partie, est louée la débrouillardise du gérant capable de se créer un réseau relationnel. Il fait communauté et se sociabilise. Il me fait penser à ces enfants jouant ensemble au Monopoly. Dans une des paraboles suivantes, celle des mines (Lc 19,12-28), il s’agit aussi de faire fructifier ou même de placer son argent avec intérêt, car là est la vie, alors qu’enterrer sa mine revient à choisir la mort.

En revanche, dans la deuxième partie, le jugement de Jésus est sans appel contre ceux qui utilisent l’argent non plus comme un moyen, mais comme un but. Et l’on pense au jeune homme riche partant tout triste “car il était très riche” (Lc 18,23), ou au riche anonyme indifférent à la pauvreté de “Lazare gisant au porche de sa demeure” (Lc 16,19). Il y a incompatibilité de nature entre l’argent et le Royaume de Dieu, ce dernier appelant à la compassion, à l’ouverture aux autres, à la solidarité, au dépouillement et à la pauvreté, seuls chemins possibles pour se recevoir d’un Autre.

Jésus Christ s'est fait pauvre, lui qui était riche, pour qu'en sa pauvreté nous trouvions la richesse. (2 Co 8, 9).

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 8 novembre 2014