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Sainte Famille:

 

   

 

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Luc 2, 22-40 “Nos yeux ont vu le salut”

« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

La toile est lumineusement céleste, grâce aux couleurs choisies par le peintre : par la part donné au bleu du ciel, à la lumière blanche de la robe de mariée (Marie en jeune épousée) et au feu orangé (soleil du haut du tableau). Elle est céleste aussi grâce aux figures volantes se riant de toute loi de l’apesanteur, de la perspective ou de la proportion. Voilà bien la lumière et la gloire promise au nations et qu’attend Syméon.

Trois espaces, tous habités, structurent le tableau :
En bas et à gauche, une sphère de couleur brune figurant la terre et ses habitations d’où jaillit à la verticale un cierge blanc allumé, présence de prière qui troue le ciel et l’éclaire en une aura sainte, telle une auréole ou une mandorle.
Au centre du tableau, le ciel, ses nuages laiteux cachant ombres et mystère, ainsi que deux anges : un bleu outremer bras croisés sur sa poitrine et un blanc jouant du clairon.
En haut, une autre sphère symétrique à la terre, soleil de feu et sa foule terrestre et divine, symbolisant peut-être la crèche de la Nativité transfigurée : l’amoureux au bouquet de fleurs, le bœuf au violon, l’ange et la chanteuse. Tout y est musique, joie et légèreté. La figure principale du tableau, occupant toute la verticalité de la toile, est la longue silhouette blanche immaculée de Marie, trait d’union (ce qui pourrait expliquer sa tenue de noces) entre la terre et le soleil. Joseph (?) vêtu de rouge, la tête en bas et les pieds en haut, dont on n’aperçoit que le buste penché sur elle, caresse son visage et embrasse chastement son front. L’enfant, nouveau-né et nu, est blotti dans les bras de sa mère. La sainte famille, que nous célébrons ce dimanche, se découpe au devant des trois espaces, déjouant les frontières du temps et de l’espace, épousant la musique picturale de la poésie de Chagall.

Et je reviens sur le cierge, au centre du tableau, dressé contre l’obscurité de la terre, parallèle à la figure de la Vierge, comme une sentinelle d’espérance trouant la nuit terrestre. Les habitants des maisons aux volets clos ont-ils accès à la vision enchanteresse peinte par Chagall ? On ne le sait pas. Mais, parmi eux, un ou plusieurs veilleurs annoncent l’aurore de la naissance ; et nous qui voyons et leurs efforts humains et la beauté de l’invisible divin dévoilé par le pouvoir de la peinture, nous savons et nous croyons que Dieu a visité son peuple. Oui, avec Anne et Syméon, nous nous réjouissons, car nos yeux aussi ont vu le Salut !

“ Ô lumière de feu / Dans vos vives lueurs / Les profondes cavernes du sens / Naguère obscur et aveugle / Par d’étranges faveurs / Donnent chaleur et lumière à l’aimé
(Jean de la Croix)

Sr Nathalie Le Gac, CSJ, Mechref (Liban), 28 décembre 2014

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