Luc 1, 5-25 « Tout est grâce »

Nous méditons le récit inaugural de l’évangile de Luc et la première Annonciation de l’ange Gabriel au Temple de Jérusalem. Luc a pris soin de situer le lieu, le contexte et la lignée irréprochable des futurs parents Zacharie et Elisabeth (v.1 à 7). Tout semble prêt et ajusté pour Dieu, mais peut-être ne l’est-il pas pour l’imprévu de Dieu ? ...

L’irruption divine bouscule les observances, les commandements, la vieillesse, la stérilité, la honte et la résignation. La promesse de paternité va faire craquer l’étroitesse de cœur et de chair, comme le vin nouveau fait craquer les vieilles outres (Lc 5,37), et l’ange de reprocher au prêtre Zacharie son manque de foi : « tu n’as pas cru à mes paroles ... ».
L’homme en est réduit au silence pendant neuf mois (v.20), et la femme va garder le secret pendant cinq mois (v.23).
Seul, l’enfant nouveau-né pourra être rempli de l’Esprit Saint (v.15), inaugurant par sa naissance même et la nouveauté de son nom, le chemin de la grâce. Il aurait dû s’appeler Zacharie comme son père, c’est-à-dire “Dieu se souvient”, mais l’ange lui donne le nom de Jean, c’est-à-dire “le Seigneur fait grâce” (v.13 ; v.59 à 63).
« Le Seigneur installe en sa maison la femme stérile, / heureuse mère au milieu de ses fils. » (Ps 112,9).
Noël est le signe du don, de cette nature humaine entièrement graciée. Quelques versets plus loin, en la personne de Marie, jeune fille “neuve”, sans référence et sans lignage qui s'accommode, accueille et se laisse remplir, sans condition, par la parole de l’ange, la grâce divine sera parfaitement accomplie.

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 19 decembre 2014