Jean 1, 19-28 « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert »

C’est la question de l’identité qui est posée aujourd’hui, à travers le témoignage de Jean le Baptiste. « Qui es-tu ? » (v. 19.22) est la question existentielle qui le renvoie à sa vocation « Es-tu […] ? » (v. 21), et à son agir « Pourquoi donc baptises-tu ? » (v. 25). Qui est-il ? Nous nous rendons compte que la question posée par les prêtres et les lévites, comme les essais de réponse donnés par Jean, sont toujours en référence à un autre "connu" : le Christ comme espérance d’Israël (v. 20.25), Élie (v. 21.25), le Prophète annoncé (v. 21.25), le prophète Isaïe (v. 23).

Or, Jean affirme qu’il n’est aucun de ces prophètes-là, bien qu’il baptise. Et, il donne à qui veut l’entendre deux réponses énigmatiques et ouvertes à toutes les interprétations : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert … » (v. 23), et « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas … » (v. 26).

Pharisiens d’hier et lecteurs d’aujourd’hui, nous sommes alors plongés dans ce baptême du radicalement nouveau. Le désert, où Jean crie, fait appel à cette terre vierge du commencement de l’amour : « Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. » (Os 2,14). Et la présence mystérieusement invisible de celui qui se tient au milieu de nous, renvoie quant à elle, à un nouveau référentiel de l’altérité vers laquelle nous sommes invités à nous tourner (nous convertir).

Un nouveau "tu" est advenu et a fait irruption dans l’Histoire, dans nos histoires, et éclipse tout connu. Le "tu" du Dieu fait homme, proche de tous les hommes et que Jean a reconnu. C’est celui-là même qui nous interroge : « Pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8,29), pour que nous le reconnaissions et sachions dire à notre tour qui nous sommes : fils et filles bien-aimés du Père, frères et sœurs de notre Seigneur Jésus le Christ.

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 2 janvier 2015