Matthieu 5, 20-26 « Pour une mystique du vivre-ensemble »

« Dans une société de l’affrontement, de la cohabitation difficile […], nous sommes appelés à offrir un modèle concret de communauté [qui devrait faire des chrétiens] des experts de communion. » (Pape François, Lettre apostolique à tous les Consacrés, le 21 novembre 2014).

Frère (v.22), frère (v.22), frère (v.23), frère (v.24) ! En deux versets, Jésus nous assène de quatre mentions le mot « frère ». Lourde insistance qui scande son exhortation et nous convoque à notre responsabilité de disciples du Christ, en nous obligeant à témoigner « que la fraternité universelle n’est pas une utopie mais son rêve même. » (Pape François).
En fait, ce court récit oppose deux logiques : celle du Royaume des Cieux qui appelle à un surpassement de la justice ancienne (v.20), réclame la douceur, la réconciliation et le pardon inconditionnel, contre celle des tribunaux, des prisons et de la géhenne de feu. Persévérer  dans la  mésentente  est un chemin de mort, qui  coûte  cher  car  il faudra  « payer jusqu’au dernier sou » (v.26) et engendre une forme de dégringolade pénale et sociale. La succession des images utilisées par Matthieu appuient sur l’effet destructeur et graduel : de mal en pis (tribunal, Sanhédrin et géhenne de feu ; adversaire, juge, garde et prison). En revanche, l’offrande à l’autel est comme la garante de la communion fraternelle, sa source et son but. Elle est gratuite et conduit directement au Royaume (v.20).

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 27 février 2015