Jean 7, 1-2.10.14.25-30
« Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne »

Notre récit de ce jour commence par une menace de mort, elle se termine par une menace d’arrestation. Le filet semble se resserrer irrémédiablement sur Jésus, son temps est compté. Mais, — nous dit l’évangéliste Jean — son heure (c’est-à dire celle de sa glorification) n’est pas encore venue. Au temps qui s’écoule, comme un étau qui se resserre, répond l’heure qui ouvre à la vie nouvelle, celle de la plénitude en Christ, mort et ressuscité pour sauver tous les hommes.

Le temps semble s’accaparer sa destinée, comme les hommes semblent vouloir accaparer sa personne.

Que ce soit les Juifs qui cherchent à le tuer, ou ses frères avec qui il monte « en secret », ou encore les habitants de Jérusalem s’interrogeant sur son origine, il semble que tous les hommes de son entourage, amis ou ennemis, veulent (d’une façon ou d’une autre) mettre la main sur lui et se l’approprier. Mais, penser que nous pouvons réduire le Christ à nos mesquineries ou intérêts de pécheurs, c’est se fourvoyer sur sa mission véritable, qui est de nous introduire, en se livrant pour nous comme la figure accomplie du Serviteur, à la gratuité et l’immensité de l’Amour de Dieu.

On n’arrête pas le Verbe. Ni le temps, ni les hommes n’auront raison de celui qui dit :
« Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ! » (Jn 10,18). C’est par cette affirmation que Jésus s’affranchit de toute main mise sur sa vie et son corps.

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 20 mars 2015