Luc 1,26-38
« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu (…) à une vierge… »

Si nous nous arrêtons sur le « merveilleux » dans ce texte nous passons à côté de l’essentiel. Un texte de l’Evangile ne peut pas être là pour nous écraser, il comporte toujours en lui une bonne nouvelle.

Quelle est cette bonne nouvelle, pour moi, aujourd’hui ?

J’aimerais m’arrêter dans ces lignes (excusez-moi cette fois la longueur du texte) sur un seul point :

Dans notre passage, il s’agit principalement d’une promesse de fécondité, la même adressée jadis à Abraham, Isaac, Jacob, et tous nos pères. Nous sommes, tous, les enfants de la promesse. Qu’est-ce qui est nouveau dans la promesse faite à Marie ? Deux choses font la nouveauté dans le récit mais qui en effet n’en forment qu’une, et révèlent en même temps, autrement, la nouveauté déjà contenue dans toute « ancienne » promesse:

    -  Premièrement, Marie est une femme, et c’est pour la première fois que l’annonce est faite directement à la femme et non pas en premier à son « mari ». Pour Eckhart, est dite « femme » l’âme qui se révèle être féconde. Il ne suffit pas pour lui d’être « vierge », il faut être « femme ».

    - Deuxièmement, elle est vierge, et ce n’est pas un détail. Il ne s’agit pas de s’extasier devant la puissance du très haut qui, d’une femme, qui n’a jamais connu d’homme, naîtra enfant. Il ne s’agit pas d’insister avec acharnement sur la virginité dans le sens de l’intégrité physique de Marie, ni de la nier. Aucun sens ne peut nous être livré ainsi. Le sens ne se livre qu’à celui qui se reconnaît « ignorant » devant le mystère de la vie.

Marie est vierge, oui, d’accord, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Il me semble que la virginité de Marie signifie avant tout la présence toute disponible d’une âme qui se fait attention à la Parole qui la traverse, d’une âme qui n’a pas peur de La Présence et qui se rend à son tour pleinement présente. La grâce enveloppe cet être qui, pour l’histoire et dans l’histoire, a laissé advenir dans sa chair l’accomplissement de toute l’humanité.

Cet accomplissement est notre unique héritage et l’acte unique promis à chacun de nous, hommes et femmes : « voici que tu vas concevoir et enfanter un fils (…) il sera appelé fils de Dieu. »
Autrement dit : « Tu ne mourras pas, parce que l’amour te couvre de sa puissance et te promet de toujours te donner la grâce inébranlable de la Vie. »
Son don est éternel, plus rien ne peut aller à l’encontre de cette venue en plénitude de la vie. Plus rien ne peut vaincre l’amour. C’est en cela que consiste la bonne nouvelle de l’annonce faite Marie et à chacun de nous qui, par l’épreuve, est devenu assez vierge pour pouvoir l’entendre.

Sr Ghada , communauté de Paris, samedi 20 décembre 2014