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04 Les Samaritains bénéficiaires de la Miséricorde : Lc 9, 51-56

Lectio divina, une lecture priante de la Parole de Dieu
par Sr Valérie, Carmel St Joseph, Paris

Jésus et ses disciples sont en chemin. Etre disciple c’est être nomade, c’est partir vers : vers Jérusalem (v51), vers un village de Samaritains (V52), vers un autre village (v56).

Une autre répétition ternaire, que ne rend pas la traduction française, rythme le récit. « Jésus durcit la face pour partir vers Jérusalem » (v51). Un auditeur attentif à la Parole entend là une allusion implicite à la figure du Serviteur au livre d’Isaïe (Is 50, 6-7) :
« Je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats… c’est pourquoi je ne me suis pas laissé abattre, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre. »

Au v 52, Jésus « envoie des messagers devant sa face ». Habituellement dans l’Ancien Testament lorsque l’on prie Dieu de tourner sa face vers les humains, on le prie de donner sa bénédiction, sa bienveillance, sa miséricorde. Dieu a toujours agit ainsi en envoyant devant lui des messagers : les prophètes. L’image est perturbante car le verbe « envoyer » souligne une action, un mouvement ; tandis que l’expression « devant sa face » évoque plutôt une attitude statique. Tout disciple va devoir apprendre à être envoyé devant sa face, c’est-à-dire à demeurer devant Dieu tout en allant vers les autres. Tout disciple va devoir apprendre qu’être serviteur c’est être porteur de la bénédiction, bienveillance, miséricorde de Dieu, à être, comme Jésus, messagers de paix.

Les Samaritains « ne le reçurent pas parce que sa face partait vers Jérusalem » (v53). La face de Dieu est tournée vers Jérusalem, là, où doit s’accomplir le salut par l’élévation de Jésus (v51). Jésus annonce une Bonne Nouvelle. « Et le monde ne l’a pas reconnu. » (Jn 1, 10). « Mais lui passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30). Jésus passe, il ne s’impose pas… surtout pas par la violence.

« Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? » (v54). Non mais quelle prétention ! Notre prétention parfois : dire et que cela soit, comme Dieu.

Mais la Parole crée, donne vie ; elle ne détruit pas. Si le vocabulaire « feu », « consumer » fait penser aux holocaustes, il ne s’agit pas tant de brûler les récalcitrants pour faire passer le chemin du Règne de Dieu, que de s’offrir soit même en holocauste, comme Jésus, en renonçant à la violence et aux châtiments. Jésus le leur a déjà recommandé en Lc 9,5 et leur recommande à nouveau en Lc 10, 10-11 : « Mais en quelques villes que vous entriez si l’on ne vous accueille pas, sortez sur ses places et dites : « Même la poussière de votre ville qui s’est collée à nos pieds, nous l’essayons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le, le Royaume de Dieu est tout proche. » Face au refus d’autrui, un serviteur de la miséricorde passe son chemin. Et c’est un véritable holocauste que de laisser consumer en nous l’esprit de vengeance et de domination pour ne plus brûler que de la patience et de la miséricorde de Dieu.

Certains manuscrits ont lié à ce passage une parole de Jésus qui dit être venu non pour perdre les âmes mais pour les sauver. Le verbe « Sauver » en araméen signifie également vivifier. Cela nous renvoie à l’effusion de l’Esprit qui s’accomplira au jour de son élévation (v51). Les disciples, dont nous sommes, ont besoin de ce bain de l’Esprit pour être établit dans la non violence absolue, pour entrer dans le mouvement même de Dieu.

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