>>> Aventure intérieure> Paroles humaines, Parole de Dieu > La miséricorde dans l’évangile selon st Luc > 06

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

06 Marthe et Marie, ministres de la Miséricorde:
Lc 10, 38-42

De la même manière que la parabole du bon Samaritain (Lc 10) semble prolonger le récits des Samaritains bénéficiaires de la miséricorde (Lc 9), le petit récit de Marthe et Marie semble prolonger celui des femmes bénéficiaires de la miséricorde (Lc 8). Ces quatre récits sur le service se déroulent en chemin : « A travers villes et villages proclamant la Bonne Nouvelle » (Lc 8, 1) ; « en route vers Jérusalem » (Lc 9, 51) ; entre Jérusalem et Jéricho (Lc 10, 30) ; et ici, « en route avec les disciples » (Lc 10, 38), Jésus fait une halte dans la maison de Marthe et Marie.

A l’image de Marie, Jeanne, Suzanne et beaucoup d’autres (Lc 8, 2-3), Marthe et Marie se mettent au service de Jésus… quoique différemment. Marthe se situe explicitement dans la ligne des femmes de Lc 8 ; Elle sert à table (C’est le même mot en grec dans les deux textes). Etre au service des autres, c’est bien ! Mais toute la difficulté est d’être au service en demeurant au service. Marthe fonce droit sur cet écueil. Elle s'est laissée « accaparée par les multiples occupations du service » (v40).

Elle n’écoute pas ; elle fait des reproches à Jésus : « Seigneur, cela ne te fait rien ? » (v40) ; elle juge sa sœur : « Ma sœur me laisse seule à faire le service » (v40) autrement dit ma sœur n’en fiche pas une ; elle ordonne à Jésus : « Dis-lui donc de m'aider » (V40). Le service a pris toute la place. Celui que Marthe voulait servir n’a plus de place, on dirait même que c’est de sa faute !

A vouloir être partout, Marthe n’est nul part, comme le lui fait remarquer Jésus : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses / pour de multiples occupations / pour beaucoup. » (v41). Marthe comme les femmes du chapitre 8 de Luc, avait le désir de nourrir la vie de ses frères. Mais il y a tant à faire ! Pris dans le tourbillon de ce tant à faire, elle s’est coupée de la source : la présence miséricordieuse de Dieu dans sa vie.

Sa sœur Marie, qui semble bien oisive en comparaison de Marthe, a perçu cette présence en Jésus, d’un Dieu qui se fait proche, qui nourrit par sa parole : « se tenant assise aux pieds du Seigneur, » elle « écoutait sa parole » (v39), comme un disciple. Les disciples qui faisaient route avec Jésus au verset 38, ont totalement disparu du récit. Marie semble les avoir tous absorbés.

Pour Jésus, une seule chose est importante « nécessaire. » (v42) : avoir un cœur qui écoute, se laisser nourrir par la parole. « Marie a choisi la meilleure part » (v42) Il y a donc un choix à faire. Néanmoins, nous aurions tort d’opposer les deux sœurs. Le choix ne porte pas sur le service (service des frères ou service de la prière pour faire simple) mais sur la manière de servir, d’orienter sa vie.Cette part « ne lui sera pas enlevée. »(v42). Dans le choix se trouve un don qui ne sera pas repris. Cette éloge de Marie que Jésus prononce fait écho une autre parole qu’il adresse à Simon-Pierre dans l’évangile de Jean : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi » (Jn 13, 8). Avoir part avec le Christ c’est le laisser se tenir au milieu de nous comme celui qui sert (Lc 22, 27), c’est le laisser nous nourrir de la miséricorde de Dieu pour devenir ministre de cette miséricorde : On ne peut donner que ce que l’on a reçu.

 

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