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07 L’ami importun: Lc 11, 5-8

 

Avec l’Ami importun, nous entrons dans une nouvelle série de quatre textes qui nous invitent à la vigilance, à savoir saisir le moment favorable. Le Dieu de miséricorde se donne avec largesse ; encore faut-il être accueillant à ce don. Dieu est patient , mais vient un moment où il sera peut-être trop tard.

Jésus propose un cas : « Supposons que l'un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : 'Mon ami, prête-moi trois pains » (v5). Jésus part de la demande hypothétique de l’un de ses auditeurs. La demande peut paraitre étrange : « prête-moi trois pains » (v5). Prête-t-on trois pain ? Ne les donne-t-on pas ? L’emploi du mot prêter suggère que cela sera redonné ; c’est un dépannage. Les amis c’est fait pour cela. Ce qui est moins ordinaire ce sont les circonstances. La demande se fait en pleine nuit, car « un de mes amis arrive de voyage, et je n'ai rien à lui offrir » (V6).

La réponse de l’ami est surprenante. Il refuse : « Maintenant, la porte est fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain » (v7). En clair, tu me déranges ! Merci l’ami ; fin de l’histoire.

Pourtant Jésus conclut sa parabole étonnamment : « moi, je vous l'affirme : même s'il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu'il lui faut. » (v8). Le don est assuré quelque soit l’intention qui le motive. Avec ce qui semble être un contre exemple, Jésus souligne que le disciple est à la fois celui qui ose demander ce qu’il faut pour vivre et celui qui peut donner ce qu’il faut pour vivre. Le disciple est à l’image de Dieu qui donne et se donne, qui demande et à qui l’on demande. De fait, si les hommes sont obstinés à obtenir ce qu’il veulent pour leur vie et celle de leurs proches, de même Dieu est obstiné à leur demander la circulation du don de la vie. Il y a urgence à donner ce que l’on a reçu si l’on veut demeurer vivant et humain.

C’est difficile de croire que donner ne nous appauvrit pas mais au contraire nous enrichit. C’est difficile de croire que ce qui est donné n’est pas perdu même sans reconnaissance ; au contraire c’est ce qui n’est pas donné qui est perdu. C’est difficile de croire que ce qui est donné fait de la place pour ce qui sera reçu. C’est aussi difficile de croire, de penser que ce que nous donnons ne vient pas de nous ; on l’a déjà auparavant reçu ; cela ne fait que circuler. Ce temps du don est ce moment favorable qu’il nous faut saisir avant qu’il ne soit trop tard. Dieu se tient à notre porte, comme cet homme qui ne craint pas de déranger son ami en pleine nuit, et nous demande notre hospitalité.

Mais pour donner, pour se laisser saisir aux entrailles par la demande de l’autre, il faut oser demander :
 « Si donc vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du Ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient. » (Lc 11, 13). Le don de l’Esprit Saint est l’œuvre de miséricorde de Dieu, car ce n’est que par lui que nous pourrons reconnaître le moment favorable. Oser demander le don de l’Esprit Saint, c’est être comme cet homme qui ne craint pas de déranger son ami en pleine nuit pour lui demander du pain. C’est croire que la miséricorde de Dieu ne se laissera pas arrêter par nos ténèbres et nos portes fermées. Demander est le propre du fils qui n’a rien par lui-même. Il y a urgence à accueillir notre filiation comme la condition normale de notre humanité.

 

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