>>> Aventure intérieure> Paroles humaines, Parole de Dieu > La miséricorde dans l’évangile selon st Luc > 08

08 Le riche en récolte: Lc 12, 13-21

« Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » (V13). L’héritage à cette époque était légué en indivision. L’homme veut sa part. Nous retrouverons ce litige entre deux frères autour de l’héritage au chapitre 15. Comme Marthe, l’homme prend Jésus à témoin et exige qu’il soit l’arbitre dans ce qui l’oppose à son frère.

Jésus refuse et s’adressant aussi bien aux deux frères, qu’à la foule qui l’entoure, qu’à nous tous, il pointe l’essentiel : « La vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses. » (V15).

Pour appuyer son propos, Jésus raconte une parabole mettant en scène un riche. Celui-ci se parle à lui-même. Il n’y a que lui dans son discours ; il n’est en relation qu’avec ses biens, un peu comme le frère qui veut sa part d’héritage. Il n’y a plus de frères, il n’y a pas non plus de relation avec le ciel de qui il a tout reçu. Le riche a pris ce qui lui était du, il n’a pas conscience du don.

« Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?' » (V20). En d’autres termes, qui hériteras de toi ? A qui laisses-tu tout cela ? A qui transmets-tu ? Que transmets-tu ? ce n’est pas la richesse en soi qui est condamné, mais la fermeture sur soi. L’idolâtrie qui nie le don de Dieu, qui met la richesse à la place de Dieu, conduit en fin de compte à se séparer des autres hommes. Le riche et le frère comme Marthe se sont repliés sur leur avoir ou sur leur faire, évacuant tout autre. Si je suis fermé à la miséricorde de Dieu, si je ne le reçois pas, je ne peux être ouvert à l’autre et transmettre, laisser circuler ce que j’ai reçu.

« Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. » (V21). Qu’est-ce qu’être riche en vue de Dieu ? Est-ce une question d’avoir ou d’être ? N’est-ce pas d’être en relation à travers le don. La parabole de l’ami importun pointait l’urgence à accueillir notre filiation ; La parabole du riche en récolte pointe l’urgence à accueillir notre filiation pour entrer dans la fraternité et acquérir ainsi notre véritable bien, comme l’écrivait Léon Tolstoï : « Il est en mon pouvoir de servir Dieu ou de ne pas le servir. En le servant, j’ajoute à mon propre bien et au bien du monde entier. En ne le servant pas, je perds mon propre bien et je prive le monde de ce propre bien qu’il était en mon pouvoir de créer. »

© Copyright Carmélites de Saint Joseph - Contactez-nous