>>> Aventure intérieure> Paroles humaines, Parole de Dieu > La miséricorde dans l’évangile selon st Luc >15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15 Lazare couvert de plaies: Lc 16, 19-31

Si la vie permet toujours de se retourner, de s’adapter aux circonstances, d’évoluer, la mort marque une frontière indépassable, définitive. La parabole du riche et de Lazare se compose de trois parties, chacune marquées par un manque, un creux qui non reconnut resserre à chaque fois un peu plus l’enfermement du riche.

La première partie, versets 19 à 22, oppose fortement la situation du riche et celle de Lazare. Chacun est sur une ligne parallèle et jamais ne se croise : l’un a tout et l’autre n’a rien ; l’un est tout et l’autre n’est rien. Le premier creux du texte est symbolisé par la faim de Lazare : faim de nourriture, faim de relations. Le riche ne voit pas Lazare.

Lazare porte un nom symbolique qui veut dire : Dieu aide. Le riche lui n’a pas de nom. Nous n’y faisons pas attention. Dans la culture latino américaine, il est choquant qu’un riche n’ait pas de nom. Un riche est forcément quelqu’un de connu et reconnut. Or ici, le riche fait partie de ces personnages anonymes de l’Evangile où tout à chacun peut s’identifier.

« Or le pauvre mourut, et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi,et on l'enterra. » (v22). Tous deux meurent et l’opposition entre les deux demeure tout en s’inversant. Lazare, qui de son vivant, n’avait pour compagni e que celle des chiens(v21), est accueilli par les anges. Le riche passe du confort matériel à la fournaise. La mort est le moment du jugement qui ne fait que fixer, en le renversant, celui porté par l’homme durant sa vie. Le riche qui n’a pas su aider Lazare, s’est condamné lui-même. En se fermant à la pitié envers le pauvre, il se retrouve sans le secours de lamiséricorde de Dieu.

Le riche a beau lever les yeux (v23), il ne voit toujours pas. Abraham,pour ne pas dire Dieu, doit lui mettre les points sur le i. Le deuxième creux du texte est symbolisé par ce grand abîme « entre vous et nous » (v26). Mais cet abîme, déjà présent de son vivant, le riche n’a pas su le franchir pour rejoindre son frère pauvre (v19-21). Ce faisant, il s’est séparé de celui qu’il appelle trop tard « Père Abraham » (v26).

Dans le regard du riche, Lazare n’obtient jamais le statut de frère. Vivant, il ne le voyaitpas ; mort, il ne le considère que comme un larbin devant venir soulager sa souffrance (v24) ou devant servir de messager auprès de ses cinq frères (v28).

Pris dans le tourbillon de la vie, un peu comme Marthe en Lc 10, 38-42, le riche n’a pas su entendre la plainte du pauvre, ni écouter la voix de Moïse et des prophètes. L’une et l’autre transmettaient pourtant la voix du Père qui convoque, riche et pauvre, à un même salut. Replié sur ses possessions, vêtements de luxe et festins somptueux (v19), le riche n’a pas levé les yeux à temps (v23) ; il n’a pas su, comme Marie au pied de son Seigneur, entendre la Parole qui se disait au cœur des événements. L’ouverture à la miséricorde ne s’est pas faite pour lui. Sourd, le riche n’a pas su traduire le proverbe : « Aide toi et le ciel t’aidera » en « aide moi et le ciel t’aidera ».

La surdité symbolise le troisième creux du texte. Si les cinq frères ne parviennent pas à entendre l’appel à reconnaître tout autre comme un frère, ils ne se conduiront pas en fils, si bien que « quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus » (v31). La mort donne son poids à la vie. Mais la vie s’oriente à partir de la Vie.

 

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