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7- "voir l'invisible " (suite 7)

L’essentiel de l’art : sa dimension d’intériorité:

A travers trois peintres, nous rejoignons ce qui fait l’essentiel de l’art: sa dimension d’intériorité.

Le nouveau-né de la Tour

  Un espace clos, obscur, recueilli, deux femmes en contemplation, interrogatives, au visage grave, vigilante compagnie de ce tout-petit fragile et menacé.
L’appréhension voire une certaine angoisse plane tant le mystère de la vie est étroitement lié à celui de la mort mais il demeure cette petite flamme fragile comme le nouveau-né, ardente, que la femme de gauche abrite de sa main, qui baigne de sa lumière les visages et caresse celui de l’enfant endormi au centre du tableau : un enfant rayonnant d’une lumière de source, triomphant de l’obscur et illuminant la nuit de nos ténèbres, de nos doutes et de nos angoisses. Le peintre nous invite à entrer en méditation : des personnages de la réalité quotidienne, deux femmes, un enfant sans aucun signe distinctif, notre humanité tout simplement… habiter par un mystère.

L’atelier de Vermeer

Un piège à lumière, un instant paisible : l’atelier du peintre. Une invitation pour le spectateur à partager ce moment où l’artiste est en train de peindre. Le jour entre par la fenêtre de gauche se déposant en grains de lumière sur les objets, les meubles, la tenture, les personnages.

Le monde est là présent dans cet univers apparemment clos. Le monde est vaste au dehors, il existe : la grande carte géographique sur le mur du fond en est témoin. On rêve d’un " ailleurs " en cette époque de voyage et d’explorations. Ne sommes-nous pas conviés à l’exploration de notre propre cœur ? renvoyés à nous-mêmes devant ces deux personnages, le peintre de dos, le modèle de face, qui renferment leur secret ?

Vermeer… un petit bout de présent arraché à la chair du temps, un instant de lumière… des bleutés, des gris, des jaunes citron, des terres saupoudrées de grains de lumière.

Nature morte de Chardin

Avec Chardin, les objets échappent au fonctionnel ou plutôt ne se réduisent pas à lui.

Ils sont les « choses » de notre monde intime et familier envisagé à son vrai niveau de profondeur," vies silencieuses ". alette discrète, terres, bleutés et gris. Vermeer avant, Cézanne après : trois peintres qui nous disent qu’il est possible face à un monde du " paraître ", de l’apparence, du superficiel" d’entrer plus avant dans l’épaisseur" du réel et qui nous y convient et nous ouvrent un espace intérieur. Nature morte de Cézanne et ChardinNature morte de Chardin Deux toiles qui se font un petit clin d’œil à travers le temps (le XVIIIe de Chardin, la fin du XIXe de Cézanne). Oui, deux toiles apparentées à l’évidence : même palette sourde, même bleuté, même simplicité, quotidienneté, même place donnée aux " choses ", elles-mêmes, sous leur pinceau, habitées, vivantes. Les choses font partie de notre monde, elles en sont partie-prenante, comme une part de nous-mêmes. Elles appellent le regard, l’échange, elles nous regardent.

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