>>> Accueil > Propositions des communautés > Fraternité œcuménique de Lomme > Article journal La-Croix

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Je n’ai eu aucune peur de perdre quoi que ce soit car, dès le départ, il était clair que nous restions vraiment ce que nous étions. »

 

 

 

 

 

 

Soeurs du Carmel St Joseph
Soeurs Carmélites de Saint Joseph:
Sr Agnès-Marie
et Sr Léona


Un « couvent » prophétique pour l’œcuménisme

A Lille, un « couvent » prophétique pour l’œcuménisme « Nous avons beaucoup à apprendre de l’union des réformés et des luthériens »

Un des premiers souvenirs d’enfance de Sœur Hélène, 79 ans, sœur protestante de Grandchamp (Suisse), c’est cette question à propos de son grand-père catholique : « S’il aime Jésus, pourquoi va-t-il prier ailleurs ? » « Je trouve ici une réponse », souligne-telle. « Ici », c’est la Fraternité œcuménique de Lille où elle vit depuis trois ans avec cinq autres sœurs catholiques et protestantes : une diaconesse de Reuilly, deux oblates de l’Eucharistie et deux carmélites de Saint-Joseph. Depuis décembre 2010, elles assurent une «  présence priante » sur le site d’Humanicité, près de la maison médicale JeanXXIII que les oblates de l’Eucharistie ont confiée aux Diaconesses de Reuilly, et près de la maison d’Église installée dans ce quartier futuriste, où sont privilégiés l’accueil de personnes fragilisées et la création de lien social.

Une initiative œcuménique « pilote », dans laquelle Sœur Agnès-Marie, carmélite de 75 ans, s’est engagée sans hésiter : « Je n’ai eu aucune peur de perdre quoi que ce soit car, dès le départ, il était clair que nous restions vraiment ce que nous étions. » Au contraire, elle s’est enrichie de cette vie quotidienne de prière aux côtés de sœurs protestantes « bien plus pétries de la Parole de Dieu que nous, bien que nous ayons parcouru un chemin considérable ». La Fraternité bénéficie aussi régulièrement des enseignements d’un pasteur sur l’Épître de Jacques cette année et d’un dominicain sur l’Eucharistie.

Pour une liturgie commune, les sœurs ont d’abord adopté l’office de Taizé, et participent, le dimanche, à la vie des paroisses catholiques et protestantes de Lille. « J’apprécie beaucoup la convivialité de la petite communauté protestante, remarque Sœur Agnès-Marie. Durant l’Avent, chaque famille invite le pasteur et la communauté chez soi, et nous aussi y avons pris part. »

Pour ces sœurs, dont la mission est de «manifester jour après jour que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise », le constat est le même: les difficultés de la vie communautaire ne proviennent pas des différences confessionnelles mais des tempéraments et des « questions de vocabulaire » : « À Grandchamp, raconte Sœur Hélène, eucharistie veut dire aussi bien messe ou sainte cène, mais, lorsqu’on parle d’eucharistie, il s’agit habituellement de la messe, alors que pour moi, la sainte cène est une Eucharistie ! Je serais tentée de vouloir prouver que j’ai raison, mais cette attitude n’arrange rien. Cela demande plutôt beaucoup de retenue, d’humilité et d’humour ! »

Pour cultiver ce recul intérieur, Sœur Hélène apprécie particulièrement les deux heures quotidiennes d’oraison que la communauté a adoptée, sur le modèle de la spiritualité carmélitaine: « Je n’étais pas habituée à cette prière silencieuse en commun et aussi longtemps », relève la religieuse pour qui vivre avec des catholiques lui fait découvrir« une relation plus riche au Christ »: « Les oblates de l’Eucharistie, elles, sont attachées à des temps d’adoration du Saint Sacrement. Je ne peux pas dire que j’accorde la même importance qu’elles à l’hostie, mais celle-ci me renvoie au Jeudi saint et au Christ qui a dit: “Faites ceci en mémoire de moi.” »

« L’union des Églises luthérienne et réformée est à mes yeux un signe extrêmement fort pour l’unité des chrétiens, dont nous autres catholiques avons beaucoup à apprendre et à recevoir. Tout ce processus d’union a montré que l’on peut très bien se rejoindre sur l’essentiel, reconnaître nos points communs, Jésus-Christ et le témoignage commun, en conservant nos spécificités, sans crainte d’être engloutis par l’autre. »

Article paru dans le journal La-Croix du dimanche 12 mai 2013
P. Jean-Marie Viennet Délégué diocésain à l’œcuménisme à montbéliard (Doubs) C. H. RecueiLLi pa R C. H.

© Copyright Carmélites de Saint Joseph - Contactez-nous