« Le Carmel Saint-Joseph à Taizé pour trois jours d’amitié islamo-chrétienne  »

Du jeudi 5 au dimanche 8 juillet 2018 a eu lieu un Week-end d’amitié entre jeunes musulmans et chrétiens à Taizé

C’est en tant que témoin du Vivre ensemble, que Sœur Mariam an Nour a été invitée par la Communauté de Taizé, pour rendre compte du projet de l’école du Carmel Saint-Joseph qu’elle dirige à Mechref, et du projet de sa communauté. Les frères la connaissent et connaissent bien notre communauté, car deux frères de Taizé sont venus partager, en 2015, et pour leur premier séjour au Proche-Orient presque deux mois de notre vie au Liban et en Syrie. Ils ont fait l’expérience chez nous du vivre ensemble à l’école où nous accueillons tous les élèves quelque soit leur confession, et où nous partageons aussi des temps forts spirituels de prière commune.Sœur Mariam an Nour a su communiquer, avec la belle énergie que nous lui connaissons, ce qui est déterminant dans la mission du Carmel, et ce qui est premier dans sa vie : LE FRÈRE ; parce qu’elle est habitée par le souci de notre Père que tous ses enfants vivent et soient unis. En effet, la fraternité a été la ligne forte de toutes ses interventions et c’est l’appel qu’elle a adressé pour tous ses auditeurs. Dans son intervention, elle a mis l’accent sur la prière et la conversion, conditions de tout élan vers l’Autre et vers les autres.

N’est-ce pas là, la mission de tout homme ?
Ce qui a particulièrement touché Sœur Mariam an Nour, ce fut l’accueil large des frères, la plongée dans cette émulation internationale d’échanges et de prières, la qualité du silence malgré la foule présente, le repasà la grande table des frères et au côté de frère Aloïs. Ce fut un temps fort qui lui a fait mesurer combien nous avions à œuvrer encore plus sur ce chemin possible (mais encore bien long et si précaire). Combien elle a senti que le monde a besoin d’hommes et de femmes de dialogue « du dialogue des fidélités », de paix, de ce savoir voir ce qui préoccupe l’autre. Cela n’est possible qu’avec l’écoute du désir de notre Père et la conversion personnelle.

Suite à son intervention, la parole a été donné à un jeune Irakien qui a fait le récit des sévices subis par sa famille et son peuple pendant la guerre. Sa confession des détresses et des souffrances subies a créé un malaise au sein de l’assemblée. Sœur Mariam an Nour a appelé, alors, les auditeurs à être en mesure d’écouter la détresse de ce « frère » en prenant le recul de toute appartenance confessionnelle et communautaire pour une écoute d’homme à homme, l’écoute de la souffrance de l’autre… car là est la clé du vrai dialogue : la reconnaissance réciproque des souffrances (pouvoir dire et pouvoir entendre) afin que la Paix naisse.

« Nous, les Carmélites de Saint-Joseph au Liban, nous avons compris que comme chrétiens nous n’avions pas d’autre raison d’être que cette fraternelle solidarité avec l’autre qui est d’abord la solidarité de notre Dieu avec tout homme, qu’il soit chrétien, musulman, agnostique… C’est ainsi que nous sommes TOTALEMENT solidaires de nos frères musulmans, CE SONT LES MÊMES SOUFFRANCES ET LES MÊMES ASPIRATIONS QUI NOUS RASSEMBLENT. »

(Lire l’intégralité du discours de Sr Mariam an Nour)

« Vie intérieure et fraternité »

Du jeudi 5 au dimanche 8 juillet 2018, s’est tenu le deuxième week-end d’amitié entre jeunes musulmans et chrétiens, à Taizé. Pour la deuxième année, les frères avaient convié des jeunes de tous pays et des deux religions, leur offrant un espace de paix, de prière, de partage et de dialogue pour contrer la violence de notre monde si prompt au repli identitaire, la peur de l’autre et à la haine. Avoir soif de cette rencontre, c’est déjà parier sur les forces de la solidarité universelle et du pardon pour construire un monde selon le cœur de Dieu.

Le Fr. Aloïs, dans sa méditation de bienvenue aux pèlerins, a rappelé combien Jésus n’a eu de cesse « de dépasser les barrières culturelles, sociales et religieuses de son temps pour entrer en relation avec des personnes très différentes ».
« Vie Intérieure et Fraternité » : pour nous éveiller mutuellement à la Présence de Dieu, mieux L’aimer, L’adorer et Le servir. Le thème répondait à deux appels celui d’une vie intérieure unifiée pour un accueil de l’altérité dans la confiance, « le fruit de cette attitude intérieure se trouvant dans la fraternité authentique ». La demande faite aux jeunes était de partager ce qui fait et nourrit leur vie spirituelle : « comment prient-ils, adorent-ils et aiment-ils Dieu pour se laisser féconder par le témoignage rendu à Dieu dans l’autre tradition ? »

À Taizé, tout est parfaitement organisé et les frères aidés des bénévoles ne chôment pas pour que le rythme de chaque journée et le cadre offert soient accessibles, respectueux de chacun et permettent à chaque jeune de trouver ce qu’il est venu chercher : la paix, l’amitié, la rencontre, un dialogue possible, tout en approfondissant sa réflexion et élargissant son cœur, son cercle. « La terre est mon pays et l’humanité ma famille » a écrit le poète libanais Khalil Gibran.
Pour ceux qui arrivent à Taizé pour la première fois, ce qui frappe d’emblée, c’est l’internationalité : entendre parler et chanter toutes les langues ; le nombre des pèlerins en ce début d’été est d’environ 3.000, dont 300 jeunes inscrits pour la session, mais les conférences et les ateliers sont ouverts à tous, ainsi que les temps de prière. Taizé, c’est un immense brassage, en quelque sorte la Galilée des nations !

Pour vivre ce temps de solidarité spirituelle, la prière rythme les journées, et deux salles de prière (hommes et femmes) ont été mis à la disposition des musulmans.

La rencontre sur trois jours s’est articulée autour de quatre sessions animées par deux régulateurs dont un frère de Taizé et des intervenants mixtes, avec une traduction simultanée en anglais, français et arabe.
Chaque session donnait lieu, ensuite, à des échanges en carrefours, des questions ou des réactions : « Qu’est-ce que je retiens pour moi-même, quel lien entre la prière et l’action, la prière a-t-elle porté de bons fruits d’ouverture ? »

Puis, les jeunes étaient invités à approfondir leur discussion dans des ateliers au choix :
1) Itinéraire spirituel : un musulman et une chrétienne témoignent de leur expérience personnelle de la présence de Dieu ;
2) Découvrir quelques fruits du dialogue spirituel entre musulmans et chrétiens ;
3) Une découverte de l’Islam soufi ;
4) La vie intérieure comme ressort positif dans le cadre de conflits ;
5) Le service des plus démunis comme source de dialogue profond entre musulmans et chrétiens ;
6) Mohammad et Jésus ;
7) Comment découvrir l’appel que Dieu m’adresse et trouver mon chemin ? ;
8) Comment créer des espaces de convivialités et des évènements où des personnes de différentes religions se rencontrent ? ;
9) Atelier de cuisine entre musulmans et chrétiens ;
10) Le verbe divin et l’amour ;
11) Des musulmans et des chrétiens témoignent de leurs combats et de quelques-unes de leurs victoires pour le droit des femmes ;
12) Parle-moi de ta foi ;
13) Une éducation à la paix et à la citoyenneté,
14) Vélos de l’espérance, ensemble avec Marie, deux expériences interreligieuses (Young Caritas) ;
15) la science et la foi ;
16) Poésie hébreu et arabe ;
17) Rythmes et mélodies sacrées : le rôle de la musique et du chant dans le chemin vers Dieu.)

Le soir, les repas, les animations musicales, ou les célébrations —comme celle du Dhikr [invocation du Nom de Dieu] par les confréries soufies présentes permettaient de prolonger la communion et la fraternité amorcées dans les enseignements et témoignages.

  • La première session a été animée par Khaled Roumo auteur et poète, membre du Groupe d’amitié islamo-chrétien (en France). L’intervention principale a été faite par le professeur Oussama Nabil, directeur de l’Observatoire d’Al-Azhar de lutte contre l’extrémisme (en Égypte). C’est Mgr Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille et évêque président du Conseil pour le dialogue interreligieux de la CEF qui a régulé les échanges qui ont suivis.
  • La deuxième session a été animée par Radia Bakkouch, présidente de l’association française de Coexister et de frère Maxime. L’intervention principale a été faite par Mgr Jean-Marc Aveline et le débat régulé par le professeur Oussama Nabil : « qu’est-ce que je retiens pour moi-même ? Y a-t-il une chose que j’admire particulièrement dans la religion de l’autre ? Le fait d’apprécier l’autre religion relativise t-il la valeur de la mienne ? Comment comprendre cette apparente diversité des voies qui mènent à Dieu ? »

Mgr Jean-Marc Aveline a insisté sur la véritable écoute et l’écoute de ce qui préoccupe l’autre : « Pour développer une véritable écoute des autres, nous devons commencer à considérer les rôles des autres, en gardant à l’esprit que la première condition d’un bon dialogue est l’amitié. La deuxième condition d’un véritable dialogue est le partage : partager nos expériences spirituelles. Et la troisième condition est la fraternité : nous avons à prendre des responsabilités ensemble ».

  • La troisième session a été animée par Onjali Rauf, fondatrice et présidente de l’organisation des droits de l’homme, « Making Herstory (Royaume-Uni) et le frère Paolo. Le Révérend Guy Wilkinson, prêtre anglican et ancien conseiller interreligieux de l’archevêque de Canterbury a lancé le débat : « Qu’est-ce qui me paraît le plus difficile dans l’expérience d’amitié et de dialogue spirituel entre musulmans et chrétiens ? À quoi faut-il veiller pour ne pas blesser l’autre personne dans ce dialogue? »prendre des responsabilités ensemble ».
  • C’est à la quatrième session qu’est intervenue sœur Mariam an Nour, avec comme animateurs Victor Brunier du Service Jeunes du Secours Catholique (Caritas France) et frère Timothée : « Comment puis-je transmettre la paix autour de moi et contribuer à une société paisible ? Comment de retour chez moi poursuivre le dialogue et la découverte spirituelle commencée ici ? »e temps fort et ces partages des expériences spirituelles, qui ne sont que le commencement d’un long chemin du dialogue (épreuve pour la foi), s’est conclu par l’eucharistie dominicale, un bilan et les au revoir.

Mais la prière de chacun (et des uns pour les autres) ainsi que les engagements continuent,  car ce sont eux qui sont la source de la fraternité.

Pour plus de détails, consulter :

https://www.taize.fr/fr_article24141.html
https://www.facebook.com/taize
https://www.la-croix.com/Religion/A-Taize-trois-jours-de-dialogues-islamochretiens-fraternels-2018-07-09-1200953760?from_univers=lacroix

Un commentaire

  1. Merveilleuse cette initiative d’un week-end d’amitié entre jeunes musulmans et chrétiens! Les jeunes ne sont-ils pas l’avenir de notre monde?
    Merci à sr Mariam an Nour et à nos soeurs du proche Orient pour leur témoignage du vivre ensemble. Le pape François n’a-t-il pas confirmé lors de sa visite au Conseil oecuménique des Eglises à Genève que  » le témoignage des chrétiens deviendrait crédible si nous cherchions plus souvent à faire ensemble ce qui peut l’être.  »
    Oui, c’est possible si nous mettons la main à la pâte! sr Léona

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