Chapitre homélie

Frère Guillaume
Frère Guillaume

« Pourquoi parles-tu à la foule en paraboles ? » La question des manières de faire de Dieu travaille l’Ecriture, travaille notre cœur. Il suffit d’évoquer la question de Jude en saint Jean « Seigneur, qu’est-il donc advenu que tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? » ou, à la fin de ce même évangile, la question de Pierre à propos de Jean « qu’adviendra-t-il de celui-là ? » Pourquoi moi et pas lui, lui et pas moi ? Pourquoi au fond la gratuité des dons de Dieu ?

On le comprend, l’utilisation du langage parabolique permet de tenir deux choses : le don est adressé à tous (la parabole est dite à tous, utilisant un langage accessible à tous) mais tout le monde ne le reçoit pas : gratuité des dons de Dieu… autrement ce ne serait plus un don et liberté de l’homme pour les recevoir… autrement ce ne serait plus un don. Et cette capacité de recevoir doit être tenue elle aussi pour un don : « par ta lumière nous voyons ta lumière » dit le psaume autrement dit le don concerne tout à la fois ce qui est vu et le fait de voir. Thérèse d’Avila avait bien perçu cela dans sa fameuse distinction des trois grâces ou trois manières de profiter de la grâce : c’est une grâce de recevoir une grâce, c’est une autre grâce de prendre conscience de cette grâce, c’est-à-dire de la comprendre quelque peu et c’est une troisième grâce ou un troisième niveau de la grâce que de pouvoir en dire quelque chose. Oui tout est grâce dans le monde de la grâce et la question du pourquoi, toujours nécessaire en tant que garde-fou car on ne peut véritablement aimer sans un peu comprendre, risque facilement d’être pataude à l’instar de celui qui demanderait au musicien pourquoi cette note ou au poète pourquoi ce mot. « Celui qui a, il lui sera donné » : voilà le cercle vertueux de la grâce, si déconcertant mais si profond et source d’émerveillement. N’est-ce pas cela la prière, n’est pas cela l’amour ?

Avec sa béatitude « heureux êtes-vous » Jésus nous indique effectivement la bonne piste. Cela rejoint la belle image des anges penchés au balcon céleste qui d’une certaine manière nous envient qu’évoque l’épitre de Pierre parlant du message « que maintenant vous annoncent ceux qui vous prêchent l’Évangile, dans l’Esprit Saint envoyé du ciel, et sur lequel les anges se penchent avec convoitise ». Oui heureux sommes-nous : la grâce appelle la joie, la gratitude et l’ardeur du témoignage. La gratuité de la grâce nous stimule et nous libère. D’une part, nous avons à rendre compte de la grâce qui se propage selon une logique sacramentelle de la mise à feu. D’autre part, la fécondité de ce témoignage ne nous appartient pas : les résultats de la grâce ne sont pas à la mesure de nos succès ou échecs humains. Puisse cela rendre audacieuse sans être prétentieuse la responsabilité chrétienne dont vous avez parlé en chapitre ce matin ! Amen

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