Luc 19, 45-48

« Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands ! »

Anouchka-cris-de-joie

L’enracinement de cette affirmation dans les écrits prophétiques n’a pas dû échapper aux auditeurs de Jésus (v. 39.47).

Du temps de Jérémie, la virulence de ce reproche avait déjà son pesant d’actualité ! Lieu pourtant voué à l’intercession et au pardon (1 R 8, 30 et sv.), le Temple était fréquenté avec un sentiment (tronqué) d’impunité (« Nous voilà en sureté » Jr 7, 11) malgré des actes qualifiables « d’abominations » (Jr 7, 1-11).

Et l’Histoire se répète. Le Temple était pour Jésus, depuis son plus jeune âge, un lieu d’intimité avec le Père (Lc 2, 49), le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Mais la véritable « économie » que représentait le système des offrandes pour le culte, menace, gangrène la mission première – être une maison de prière – du Temple que côtoie Jésus. D’où sa « colère » : vous en avez fait un repaire de brigands !

Que dirait-il aujourd’hui ? Quel danger nous guette ? Si le Temple n’est plus, les véritables adorateurs du Père en esprit et en vérité demeurent (Jn 4, 21-24). Ainsi, toute cellule d’Eglise, si petite soit-elle, demeure exposée, vulnérable. La frontière si souvent étroite entre le temporel et le spirituel doit nous inviter à la vigilance. Non qu’il faille renoncer à l’argent et aux biens, ils sont nécessaires, mais il ne faut sans doute ne jamais perdre de vue la finalité : avec et en Christ, être aux « affaires » du Père.

« Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands ! ». Dès le début de son pontificat, jusqu’à aujourd’hui, le Pape François ne nous éduque-t-il pas à balayer devant notre porte, courant par-là (et nous aussi si nous emboîtons le pas) le même risque que son Maître : « Il était journellement à enseigner dans le Temple, et les grands prêtres et les scribes cherchaient à le faire périr, les notables du peuple aussi. Mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire, car tout le peuple l’écoutait, suspendu à ses lèvres » (v. 47-48).

2 commentaires

  1. JÉSUS SE MIT À EN EXPULSER LES VENDEURS… MA MAISON SERA UNE MAISON DE PRIÈRE. OR VOUS, VOUS EN AVEZ FAIT UNE CAVERNE DE BANDITS » (Lc 19, 45-48). Chaque chose a son lieu et son temps ; et c’est quand cet ordre est respecté dans son ensemble, que l’Homme peu vivre mieux. Le mal part toujours des petits gestes d’inattention et de déviance, de désobéissance progressive à une norme, au point de devenir une pratique habituelle, qui petit à petit s’érige en lois ou en principes. Et lorsque la norme est déplacée, pour laisser place aux contre-valeurs, l’Homme finit par perdre de vue la règle de départ. Le temple était le lieu de prière, c’est-à-dire le lieu où tous se réunissaient, se retrouvaient en esprit de communauté, pour vivre ensemble, prier, se connaître et se soutenir réciproquement. Mais, progressivement, le lieu de la croissance spirituelle est devenu le lieu de l’activité commerciale. DIEU a été remplacé par de l’argent, la prière a été substituée par le commerce ; la félicité de l’Homme est passée de la paix du cœur, de la croissance spirituelle à l’enrichissement matériel. La société s’est corrompue dans le mal, en faisant des lieux saints, des lieux de commerces et de trafics. Si DIEU n’est plus adoré et honoré là où IL doit être, si les lieux saints de prière et de recueillement sont devenus des boutiques, c’est peut-être aussi le signe du refus, de la part de l’Homme, de toutes formes de vie spirituelle ou encore la peur de se regarder soi-même de l’intérieur. Or, la meilleure croissance spirituelle vient toujours de l’intérieur. Elle part de la relation intime que l’Homme entretient avec DIEU. Et cette relation se vit avant tout dans le respect des valeurs qui définissent et caractérisent la croissance de chacun. Elle est aussi le lieu de la purification de nos cœurs et de nos intentions. En chassant les vendeurs du temple, JÉSUS n’est pas contre l’idée du commerce. Mais, il convient que, pour que le monde ait un certain ordre et un sens, il est important que chacun exerce son ministère en lieu et place où DIEU l’appelle, dans le respect et l’obéissance. Ainsi, en chassant les vendeurs du Temple, DIEU veut nous restituer dans notre dignité de fils élus, appelés à partager son intimité, dans le silence et la prière. Car, un temple devenu une boutique ou encore un lieu de silence et de recueillement transformé en marché, c’est l’Homme qui se vide de son intériorité, qui s’éloigne de DIEU, en se corrompant dans le mal. Que nous apprenions aussi à cultiver l’amour des lieux saints, mais aussi et surtout avoir le courage de nous débarrasser de tout ce qui nous maintient dans l’impureté et nous empêche de répondre favorablement à l’appel divin. Bonne journée de méditation et de travail
    Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua

  2. ENTRÉ DANS LE TEMPLE, JÉSUS SE MIT À EXPULSER LES VENDEURS : « MA MAISON SERA UNE MAISON DE PRIÈRE. OR VOUS, VOUS EN AVEZ FAIT UNE CAVERNE DE BANDITS. » (Lc 19, 45-48). L’Homme est créé pour louer et servir DIEU, et toutes les autres choses sont créées pour l’aider à réaliser cette vocation. L’argent et autres biens matériels sont nécessaires pour la survie de l’Homme, mais, ils ne doivent pas contrôler nos désirs, au point de nous faire perdre de vue cette finalité : louer et servir DIEU. Quand le temporel prend le dessus sur le spirituel, quand les lieux de prière deviennent des refuges de malfaiteurs, ou encore quand les cœurs destinés à la louange deviennent des lieux où se cultivent la haine, la jalousie, la médisance, il y a risque de perdre de vue cette finalité. Il est donc nécessaire de rester maître de ses désirs, de savoir discipliner nos envies et nos projets, afin de ne pas transformer nos temples et nos cœurs en lieux de discordes, de trafics, de commerce, d’échanges. Après avoir pleuré sur la ville qui tue les prophètes, JÉSUS chasse les vendeurs du Temple ; car le mal agit aussi bien dans le cœur des hommes que dans les lieux de prière, afin de limiter l’œuvre de DIEU dans le monde. Mais, il faut une action conjuguée, entre l’Homme et DIEU, pour pouvoir combattre le mal à la racine. En purifiant nos cœurs, nous purifions aussi nos lieux de prière ; et en purifiant les lieux saints de toutes formes de pratiques contre nature, DIEU nous amène à redécouvrir l’importance des lieux de silence, de prière et de recueillement dans la vie de l’Homme. Car une vie humaine sans ces lieux et sans ces moments d’intimité, est une vie qui se corrompt dans les bruits, les trafics incessants, qui arrachent à l’Homme la capacité de penser, de discerner, de juger en toute lucidité et d’agir en toute liberté et responsabilité. Bonne journée de méditation et de travail. Abbé Kandi Achille

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