Luc. 7, 36-50

Basilique de Ste Marie-Madeleine de Maximin la Ste Baume – Jean Beguin – XVIème siècle

Si tu te risques à ouvrir au « Maître » ta maison, à l’inviter à ta table, toi, l’observant, le bien pensant, le « juste » peut-être, saches que tu t’exposes à « l’intranquillité ».
Jésus en entrant laisse toujours la porte ouverte, et le suivent les laissés pour compte, les exclus, les malades, les pécheurs, le rebus de l’humanité… Ici, une femme identifiée à son péché, si bien que « pécheresse » est son nom. Elle « survient » avec une désinvolture, un sans gène, une inconvenance totale et déplace du dehors comme du dedans « l’ordre établi ». Mais plus scandaleux que les extravagances, après-tout normales, d’une prostituée, le silencieux consentement de Jésus. Son identité est mise en cause dans le murmure intérieur de son hôte « voyant cela » d’un mauvais œil. « Si cet homme était prophète, il saurait… ». Le Pharisien, lui il sait. Comme nous lui ressemblons !  »

La lampe de ton corps, c’est l’œil. Quand ton œil est sain, ton corps tout entier est aussi dans la lumière; mais si ton œil est malade, ton corps aussi est dans les ténèbres. » (Luc (TOB) 11)

Son œil le trompe, tant sur les gestes et les intentions de la femme, que sur la personnalité du « Maître ». Pourtant, il consent à se laisser nommer par son nom, à donner à Jésus autorité sur sa personne :
« Simon, j’ai quelque chose à te dire. Parle Maître », dit-il.
Jésus dans la Parabole lui ouvre un espace, trouve en lui une faille, l’inscrit quelque part dans la logique de Dieu, celle de l’Amour et de la miséricorde :
« Lequel des deux l’aimera le plus » ?
Si la réponse de Simon est reconnue « juste », il lui faut encore être justifié en entrant dans le regard de Jésus : « Tu vois cette femme… ? » Tu as bien jugé, mais tu n’a pas bien vu ! « Elle a… et tu n’as pas… ».
Jésus est « touché » par ceux qui le touchent du débordement « d’un cœur brisé et broyé » (Ps 50), mais comme pour Simon, Il est aussi Celui qui « change nos cœurs de pierre en cœurs de chair ».
Il ne condamne ni la femme, ni Simon, ni vous, ni moi, ni personne. Il est «l’homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ». Il est Celui qui déplace notre regard les uns sur les autres pour nous faire entrer dans le regard de miséricorde du Père et nous envoyer annoncer la Paix, celle du Royaume des « sauvés » :

« Ta foi t’a sauvée, va en Paix ». (1)

Prendrons-nous le chemin « d’intranquilité » de notre Dieu ? (2) Sr Josiane

1. « La paix se fait en moi parce que j’ai rejeté la paix » Emmanuel Mounier
2. « L’Intranquilité » Titre d’un ouvrage de Marion Muller-Colard

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