Matthieu 12, 1-8

Suivre le Christ nous soulage de marcher constamment sur la pointe des pieds et d’attraper des crampes à force de vouloir satisfaire toutes les prescriptions qu’impose la belle image que nous voulons donner de nous-même. Par contre, la loi de Dieu ne fait que baliser notre existence pour que croisse la vie. Ne perdons pas la liberté engendrée dans l’expérience de nous savoir divinement aimés. Il suffit de prendre la mesure de ce qui compte vraiment. Dieu n’attend pas que nous soyons des ‘observants’ mais que nous détections et percevions en tous et en toute chose le mouvement et la puissance de la vie. Puissions-nous découvrir et inventer nos manières propres de la déployer. Et puisque nous désirons être des femmes et des hommes spirituels, mus par le Souffle créateur, nous saurons profiter du repos offert par Jésus. Dieu veut nous faire participer à son sabbat. (Ex. 31, 36 ; Ez. 20,12) Un être spirituel se sent tôt ou tard détendu, re-posé. Pour lui, vivre a du goût et il en éprouve du plaisir : la joie fait partie de son expérience, quelles que soient les difficultés qu’il peut avoir rencontrées. Son énergie, il ne la consacre pas à suivre scrupuleusement tous les règlements ; il ne connaît d’autre loi que celle de l’amour. Celle-ci est exigeante mais se reconnaît à ses fruits abondants.
La péricope de ce jour contient une prétention à couper le souffle : personne ne peut dire qu’il est maître de la loi à moins d’être Dieu lui-même et c’est ce que qu’affirme Jésus. Nous avons trop vite oublié de nous en étonner !
Jésus déconcerte aussi en ce qu’il ne cherche pas à se défendre constamment contre les souillures du monde, de peur d’être contaminé par un quelconque microbe spirituel, mais il se tient au plus près de l’homme blessé, rejeté, condamné. Il tente de faire comprendre que l’application rigoureuse et légaliste de la loi est prison. La loi véritable est intérieure et gravée sur les cœurs. Cherchons donc cette intelligence du cœur qui nous la fera discerner et n’ayons pas peur, en traversant les terres et les champs de nos vies, d’étendre simplement la main pour grappiller ce qui nous donnera l’énergie de ce jour. Ce faisant, nous exhalerons non seulement la fragrance de notre belle humanité, mais aussi le parfum, la bonne odeur du Christ Jésus. Avec lui, passons « du devoir à l’amour, de la loi à la présence ».

Un commentaire

  1. Je voudrais, dans ce commentaire si éclairant de Soeur Renée, apporter une nuance pour tenter de montrer ce qui est souvent occulté ou pris, selon moi, à tord comme de l’orgueil. En effet par les projections, les attentes parentales qui se transforment, parfois dès avant notre naissance, en injonctions puis par des codes sociétaux, ethniques nous devenons rapidement des objets de jouissance pour l’autre. Aussi au lieu d’être un être de désir nous devenons, pour être aimé, un désir de devenir une image. Il n’y a pas que de l’orgueil à vouloir marcher sur la pointe des pieds mais aussi et peut-être surtout un mécanisme de défense, un sacrifice, qui nous prive de la parole comme celle des autres et qui se retourne contre nous. Lacan à cette formule désabusée voir lapidaire de l’amour humain « l’amour c’est donner ce que l’on a pas » donner à l’autre ce que l’on a pas pour soi même, d’où les paroles salvatrice de Jésus : « Si vous aviez compris ce que signifie, je veux la miséricorde non le sacrifice »

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