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« ba, be, bi, bo, bu… »

Très vite, les filles se disputent la première place : « je passe en premier » « non, c’est moi », « Ma sœur Marie, je suis prête »…

 

Quel bonheur d’entendre cela ! Mais pourquoi cette course ? Pour jouer avec moi ? Elle me réclame car je tente de leur apprendre à lire. Et bien oui, mon tumultueux passé scolaire en français me rattrape mais pour désormais apprendre à ces jeunes à lire ! Parce que j’ai connu cette exclusion des cours de français, je me sens proche de ces enfants. Certaines ne savent pas lire car elles ont passé leurs années d’apprentissage dans la rue, d’autres sont victimes du surpeuplement des salles de classe qui comprennent 60 à 70 élèves en moyenne, sachant qu'au Congo, la classe est par demi-journée.

Voici donc 7 mois, que je me suis transformée en "maitresse" "Ma sœur Marie" ! N’y connaissant rien quant à la méthode, mais déterminée j’ai adopté ce qui me semblait le plus adapté à la situation : la méthode syllabique. Tout a commencé avec toutes les combinaisons de syllabes : ba, re, pi….et au bout de deux mois, toutes les jeunes les connaissaient.

Une des clés de la réussite pour établir la confiance, est un entretien personnel de 30 minutes où chacune passe un temps pour elle toute seule avec moi, loin du regard des autres. Voilà un moment d’affection qui n’est pas toujours exprimé mais dont aucune ne désire se priver. Et elles progressent bien. Parfois j’aide les plus grandes des filles dans leurs devoirs de mathématiques pour mon plus grand bonheur. D’autres sœurs les accompagnent dans ce chemin de croissance par le chant et la peinture. Nous collaborons très bien ensemble.

« Dans le cœur de l’Eglise, ma mère, je serai l’amour »

Au-delà de l’apprentissage de la lecture, du chant ou de la peinture il est question d’amour, d’attention, de réconciliation avec l’adulte. Nous rejoignons ces jeunes dans ce qu’elles sont aujourd’hui, dans leur être blessé, mais surtout dans leur désir de vivre, d’avoir une enfance pour un jour se tenir debout comme adulte du mieux possible.

Sœur Marie, à Lubumbashi Congo

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