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Récit de Sr Françoise Barnoud |
Dans le monde de la santé : silence et parole d’une visiteuse de malades
Un silence habité
Dans ma vie de Carmélite de St Joseph se succèdent des temps communautaires,
de travail et d’engagement pastoral à l’extérieur et aussi des temps
de silence et de solitude. Dans la prière, je fais l’expérience d’un
Dieu infiniment discret : il donne sa Parole à l’homme, et bien plus,
il lui donne vraiment la parole ! Entrer dans ce silence infiniment
respectueux de Dieu pour entendre les mots qu’il prononce et ainsi porter
une Parole qui ne vient pas de moi. Pourquoi ce silence ? Pour élargir
un espace en moi, pour veiller dans l’espérance, laisser s’élargir la
capacité à prendre du recul par rapport aux événements qui m’atteignent.
Dans ce silence je ne suis pas seule devant Dieu, c’est habitée par
une multitude de personnes et d’événements que je me tiens devant lui
: j’y retrouve chaque visage rencontré, chaque événement vécu.
Choisir le silence comme allié
Je ressens une grande unité entre ma vie contemplative et mon engagement
de visiteuse de malades : écouter l’Autre et écouter l’autre ne font
parfois plus qu’un. Par son silence Dieu donne la parole à l’humanité
et au moment de la visite mon silence peut permettre à la personne malade
de se dire. Accueillir de l’Autre la grâce et de l’autre un don : durant
la visite il arrive que plus personne ne parle et ce silence qui s’installe
nous fait souvent peur et nous avons envie de très vite le rompre. Pourtant
j’ai la conviction qu’il peut faire advenir une parole vraie qui vient
des profondeurs. Alors, pourquoi ne pas le choisir comme un allié ?
Dans ce silence ne suis-je pas, là aussi, face à la souffrance de l’autre
en état de veille, bien au-delà de tout savoir, apprenant à ouvrir les
mains pour recueillir ce que la personne visitée veut bien me livrer
et le recevoir comme un don ? Et si ce que j’entends est trop lourd
pour moi, alors plus tard, je pourrai déposer tout ceci devant Dieu
dans ce silence infiniment respectueux où son Amour ne s’impose pas,
mais se propose…
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