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Comment la vie religieuse a pensé moi ?

Sr Nathalie

 

 

 

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sur les clichés de la vie religieuse

 

 


Communauté de Mechref

- Comment as-tu pensé à la vie religieuse ?

Je n’ai jamais pensé à être religieuse, ni voulu être religieuse, mais cette éventualité, ou plutôt cette proposition, est venue jusqu’à moi, me rejoindre dans ma vie active de jeune parisienne comblée. En fait c’est cela ... “Comment la vie religieuse a été possible pour moi, qui ne remplissait en rien les critères de la jeune fille sage, mesurée et pieuse ?”, comme en écho au psaume (Ps 8,5) “Qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ?” .
En fait, si je mets de côté les clins “Dieu” de mon enfance, trop anecdotiques pour qu’ils fondent le choix ou le discernement de l’option fondamentale de ma vie, je peux vous partager la joie que j’ai eu d’entendre cette interpellation intérieure, alors que je n’étais ni en manque, ni en recherche, tout simplement j’avais envie d’être heureuse et d’avoir une “belle vie”. Voilà, je n’ai jamais pensé concrètement à la vie religieuse ; mais oui, un jour, j’y ai répondu ...

Ma réponse (à cette époque, je devais avoir dans les 25-30 ans) n’était pas tant de “donner ma vie à Dieu”, — notion qui est en fait assez abstraite —, mais de consacrer toute ma personne dans l’Église, parce que ce lieu me permettait de donner le meilleur de moi-même, la vérité d’une fraîcheur et d’une générosité qui n’attend rien en retour (catéchèse, aumônerie, groupe de partage de la Parole entre jeunes adultes, prière avec des personnes de la rue, et surtout des amitiés, je dirai profondes). Toutes mes activités en paroisse avaient déjà un petit goût d’éternité, sur terre. J’ai voulu aller plus loin. Et c’est aussi dans cette dynamique-là, que j’ai commencé à faire oraison 1heure par jour dans le secret de ma chambre.

Pendant deux ans, j’ai cheminé et pris le temps du discernement en équipe avec le Service des Vocations du diocèse de Paris (SRVF). Et de rencontres en rencontres, de jours en jours, de questionnement en questionnement, d’hésitation en hésitation, et à chaque petits pas consentis, j’ai ressenti en moi comme une évidence, comme une urgence, cet impératif à me donner.
Ce basculement dans ma vie reste encore assez mystérieux ... mais je sais que je ne pouvais pas faire autrement, qu’il me fallait changer de vie pour me sentir vivante et pouvoir aimer tous les hommes. C’était pour moi le seul chemin (un peu révolutionnaire et sans doute un peu contestataire) qui dilatait mon cœur et me faisait sortir des injustices et des pièges de notre société de consommation, me donnait la force de dire “non” ou de dire “oui”. C’est tout.
Louis Aragon écrivait : “il me reste si peu de temps pour aller au bout de moi même / et pour crier Dieu ...” C’était un peu cela ... aller au bout de moi-même pour retrouver Dieu qui m’attendait au fond de moi et me donnait la force, l’envie, la joie de la promesse ... de l’espérance ... et bien entendu sans trop savoir où je mettais les pieds, avec une forte dose d’inconnu et de suspens !!! Qui est toujours là, en fait ...

Sr Nathalie Le Gac, Carmélite de Saint Joseph, témoignage 29 novembre 2014
A suivre...

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