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Le monde est en feu !

L’exclamation de Thérèse me vient souvent à l’esprit… Je la garde au cœur comme une évidence qui me prend de plein fouet, mais aussi comme une énigme qui m’est offerte à déchiffrer, à force de méditation et de contemplation. Le feu me fascine ; je peux rester des heures à le contempler : sa beauté et sa puissance de propagation, rien ne lui résiste. Pourtant, quand il embrase le monde, je me prends en flagrant délit de crainte, voire même d’effroi !

 

Haïti, la Côte d’Ivoire, le Japon, l’Egypte, la Tunisie, la Libye, la Syrie, le Yémen… Tout ce qui se passe au loin nous touche, peu ou prou : mondialisation oblige ! Réflexions entendues, articles lus, informations radiodiffusées, images télévisées : nous sommes concernés par les événements qui frappent notre monde, parfois avec une extrême violence… Notre impuissance nous met mal à l’aise. « Que puis-je ? » Aucun de nous n’est le Sauveur du monde… Un Autre s’est chargé de sauver notre humanité.

 

Dans notre promptitude toute humaine à ne voir que l’immédiateté et le côté désespérant de tout événement, serions-nous condamnés à nous regarder nous détruire, nous et notre planète ? Comme Paul nous pouvons tous affirmer : "Le bien que je veux, je ne le fais pas, mais le mal que je ne veux pas, je le commets." Pourtant, je préfère contempler l’heureuse solidarité qui se révèle là, au plus profond de notre cœur humain, ce cœur de chair livré à la fragilité. Dans notre vulnérabilité, un trésor de solidarité, de don de soi, d’héroïsme quotidien à croire et espérer - quand bien même plus rien ne va - ne demande qu’à s’exprimer dans sa véritable splendeur ! Combien partent « au feu », n’écoutant que leur courage, et déploient toute leur ingéniosité pour venir en aide à leurs frères en humanité. Pour cela, il n’est point besoin de partir à l’autre bout du monde : la plus longue distance qu’un homme ait à parcourir est celle qui sépare sa tête de son cœur…

 

Le feu qui embrase notre monde est violent : il attise les passions jusqu’à la haine et la destruction. Il est aussi le feu de l’amour qui, lui aussi, est tout de passion, mais il construit la fraternité ! Je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! "Je dois être baptisé d’un baptême et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé !" Jésus parle probablement de ce feu qui purifie et embrase le cœur de l’homme : feu qui révèle et détruit le mal en lui, feu d’un amour inconditionnel et irrépressible ; quant à son baptême, nous savons que Jésus lui-même a plongé dans un abîme de souffrance. La Croix du Christ est paradoxalement lieu de torture et lieu de la révélation du plus grand amour.

 

Oui, notre monde est en feu ! Plongée dans un abîme de souffrances, notre humanité se révèle aussi au meilleur d’elle-même et témoigne de sommets de solidarité active et généreuse ! Je veux contempler ce feu de l’amour capable de transformer nos querelles et nos souffrances en solidarité et don de soi qui peut aller jusqu’au don de sa vie pour les autres. Seul ce feu va purifier et embraser toutes nos relations humaines pour construire la grande fraternité des hommes.

Florence, Carmélite de St Joseph

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