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Pour faire un monde,
             mon Dieu que c’est long !

Fukushima : 25 ans après l’explosion de Tchernobyl qui contamina une grande partie de l’Europe de l’Est. Fukushima… air, terre, mer, l’environnement immédiat de la centrale nippone devenu cauchemardesque en si peu de temps ! L’homme est bien impuissant, mais aussi négligeant, face aux déchaînements destructeurs des éléments de la nature. Il n’avait simplement pas pensé l’éventualité d’un tel tsunami, pourtant en zone sismique très importante et sur une île ! Il ne nous appartient pas ici de qualifier un tel « oubli », probablement encouragé par de multiples facteurs de tous ordres.

 Depuis les millénaires qu’il est sur terre, l’homme cherche à l’habiter avec le plus de confort et de sécurité possible. Remettant sans cesse l’ouvrage sur le métier, à force d’erreurs, d’échecs, d’impasses, mais aussi d’avancées réelles, il apprend à maîtriser la matière pour gagner en qualité de vie. Lorsque Dieu créa l’homme à son image, homme et femme il les créa, leur disant : soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; c’était très bon (Gn 1). Doté d’intelligence et de raison par son Créateur, l’homme cherche, invente, essaie, rectifie… et il n’en a jamais fini de progresser !

 

Alors, pour en revenir à Fukushima, devenu symbole de la lutte pour ou contre l’énergie nucléaire, je n’ai aucune envie de faire le procès de cette dernière, ni même de soutenir l’idée que l’homme pourrait se prendre pour Dieu… Faut-il renoncer au travail scientifique qui permet de réels progrès au service de l’humanité malgré les ratés et les aléas ?
Je suis un peu perplexe d’entendre qu’il faut à tout prix arrêter l’exploitation des centrales nucléaires au bénéfice des énergies renouvelables qui ne nous sont pas familières ; rien ne nous dit qu’en les développant, nous n’irons pas au-devant d’autres risques non moins importants… Ceci dit, je crois nécessaire d’en étudier la possibilité ! Reconnaissons simplement que nous ignorons les risques de ce que nous n’avons pas expérimenté sérieusement. Ayons assez d’humilité pour admettre les limites de nos connaissances et de nos expérimentations. Il y aura toujours un imprévisible, un impondérable !

Puisque nous ne pouvons pas renoncer à la production d’énergie, ayons la prudence de la diversifier comme nous l’avons fait jusqu’ici… Quoique nous entreprenions, des risques existent et il est utopique de vouloir vivre à risque zéro. Nous savons bien qu’il nous faut du temps, des échecs et beaucoup de constance pour apprendre à maîtriser les éléments, la matière et les techniques que nous souhaitons développer… Nos fameuses « Démarches Qualité » n’ont-elles pas vocation, entre autres, à mesurer le rapport bénéfice / risque de nos entreprises et à les réévaluer sans cesse ? Peut-être serait-il bon de nous interroger sur notre manière de nous situer face à nos possibilités : qu’allons-nous servir ? Qui allons-nous servir ? Qu’allons-nous respecter ou sacrifier ? Plus nous développons nos possibilités, plus nous sommes renvoyés à notre responsabilités et donc à une certaine éthique.

 

Certes, à l’échelle d’un Tchernobyl ou d’un Fukushima, les conséquences de nos erreurs sont terribles ! Pourtant, ces erreurs nous font avancer dans le domaine scientifique, mais aussi dans les domaines de la responsabilité et de la solidarité. Le concept de déontologie est très récent dans l’histoire de l’humanité. De plus en plus les divers secteurs de notre agir laisse la place à la réflexion éthique. Plus nous avançons dans le progrès technique et ses applications, plus nous sommes interpellés à la réflexion éthique sur ce que nous mettons en œuvre.

Florence, Carmélite de St Joseph , 1er mai 2011

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