Homme et femme, Il les créa.
Peut-être en avez-vous déjà entendu parler : dès la prochaine rentrée scolaire, sur décision du ministre de l’Education Nationale, la théorie du « genre » (gender en anglais), fera partie de l’enseignement obligatoire dispensé à tous les élèves des classes de Première. Les éditions Bordas, Nathan et Belin ont déjà publié leurs manuels de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), conformément aux nouveaux programmes. Pour chacun de ces éditeurs, la théorie du genre est intégrée au module Féminin-Masculin dans les nouveaux chapitres intitulés « Devenir homme ou femme » et « vivre sa sexualité ». De quoi parlons-nous ?
Cette théorie du genre est née au début des années 70 aux Etats-Unis pour dénoncer les aspects sociaux de la distinction sexuée en tant que porteurs d’inégalités et d’oppression. Elle entre sur la scène internationale lors de la Conférence mondiale sur les femmes à Pékin en 1995. L’idéologie du gender inspire aujourd’hui les agences onusiennes et le Parlement européen. La phrase clef est celle de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient », d’où l’affirmation que la différence masculin-féminin ne coïncide pas avec la différence biologique. Très présente dans les médias et dans le débat public, elle vient appuyer le combat de certains de faire de l’homosexualité une norme. Les théoriciens du genre distinguent l’identité sexuelle - en référence au sexe biologique - de l’identité de genre qui désigne le versant social de la différence sexuelle. L’objectif militant et politique est de rejeter le déterminisme biologique de la notion de différence sexuelle. Les différences masculin-féminin sont perçues comme aussi détestables que les différences raciales. Cherchant à abolir la distinction même des sexes, la théorie induit une véritable confusion sexuelle. Si, au départ, la théorie visait à abolir l’oppression masculine sur le sexe dit faible, aujourd’hui elle cherche à obliger les pays à modifier leur législation et reconnaître, par exemple, l’union homosexuelle ou l’homoparentalité par l’adoption d’enfants. Créant la confusion des genres masculin-féminin, l’idéologie du genre fait le travail inverse de Dieu qui sépare lorsqu’il crée : Dieu dit : faisons l’homme à notre image comme notre ressemblance… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa (Gn 1,26-27). Alors que dans la théorie du genre, tout est pouvoir et rapport de forces, homme et femme sont créés pour leur joie et leur complémentarité réciproques et leur rapport est appelé à devenir fraternel.
Bientôt, des générations d’élèves apprendront, sous couleur d’enseignement scientifique, que leur véritable identité sexuelle ne dépend pas de leur sexe, mais de leur orientation sexuelle. Il semble qu’une offensive idéologique s’organise… Quel geste ou quelle parole pouvons-nous poser de proche en proche pour porter du lien, de la richesse et de la liberté au cœur de nos différences sexuelles ? Peut-être, y a-t-il un appel pour des femmes d’oser témoigner de leur joie, de leur bonheur et de leur grandeur d’être femme ? Il existe quantité d’hommes qui se posent autrement que dans un rapport de force avec les femmes ; peut-être seraient-ils appelés à dire qu’ils n’en sont pas pour autant diminués ? Nos différences sont lieux d’humanisation et de réalisation de chacun. Saurons-nous relevé un défi urgent, celui de penser et vivre une différence qui ne soit pas une inégalité ? Pouvons témoigner d’une véritable liberté qui ne s’oppose pas au « déterminisme sexuel biologique » ?
Sr Florence, Carmélite de St Joseph , 1er septembre 2011