>>> Accueil > L'actualité me parle... > Difficile liberté !

 Actu09

Difficile liberté !

J’avoue, cette semaine, avoir eu un peu de difficulté à cerner un point particulier d’actualité ; parcourant les titres de ces derniers jours, une expression s’impose à moi : Difficile liberté! Rassurez-vous, je ne vais pas analyser le livre d’Emmanuel Lévinas ! L’information qui nous arrive concernant le Printemps arabe et la difficile conquête d’une liberté des peuples, les faits divers et leur lot de violences... je trouvais l’Actualité assez déprimante en ce moment, mais un éclair de pensée m’a traversée ! Il m’est apparu que l’ensemble des événements procédaient d’une même source : un désir de liberté !

Certains peuples font l’expérience d’une difficile accession à la liberté ; souhaitant sortir d’une soumission, ils se heurtent à une résistance farouche et expérimentent le prix d’une longue conquête. D’autres s’imaginent être libres de supprimer leur proche, un voisin qui dérange, un camarade de classe, un agent dans l’exercice de ses fonctions… A quelle liberté sommes-nous appelés ?

Suis-je vraiment libre de choisir de faire ce que je veux ? Cela n’est pas si sûr : cette conception de la liberté est un peu courte ! Pourtant, beaucoup si trompent… La liberté est une dure conquête, nous ne naissons pas libres, nous le devenons. Combien de fois ai-je cru avoir choisi en toute liberté l’objet sur lequel je jetai mon dévolu et ai-je compris après coup les diverses influences qui ont dicté ce choix ? En obéissant à telle envie, ai-je suffisamment considéré ce qui m’habitait profondément ? Car le désir n’est pas l’ennemi de la liberté. Il peut même être son l’allié en étant le moteur qui nous arrache à l’esclavage pour plus de joie, plus de liberté. Cheminer vers la joie profonde et libre de nous découvrir dans notre être véritable, solidement fondé sur l’aspiration qui nous nourrit, suppose que nous restions fidèle à la source de notre désir. Alain, commentant Platon, écrit : « L’agriculteur n’a pas choisi d’être agriculteur, mais il choisit de défricher ici, de drainer là […] et celui qui est marié ne choisit plus d’être marié, mais il choisit d’être patient, indulgent, juste, ou le contraire ».

Je n’ai choisi ni mon vécu, ni mon enfance, mais je peux choisir aujourd’hui de poser des actes de liberté, non pour m’enfermer dans la résignation, mais pour avancer résolument vers l’avenir, pour devenir qui je suis véritablement, mais aussi pour que ceux que je rencontre deviennent véritablement eux-mêmes. SaintPaul écrit aux Galates : « Pour vous, frères, c’est à la liberté que vous êtes appelés.Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour satisfaire la chair, mais parla charité, faites-vous les serviteurs les uns des autres. Car toute la Loi tient dans sa plénitude, en une seule parole, en celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (5, 13-14). De cette soif de liberté des hommes et des peuples d’aujourd’hui, j’entends un appel profond et radical à nous laisser travailler afin de sortir de l’esclavage ; là est le chemin de la liberté : sortir de l’esclavage de nous-mêmes pour nous ouvrir à l’autre. Difficile, liberté ! Mais « c’est pour la liberté que le Christ nous a libérés : ainsi, tenez bon et ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage » (Ga 5,1). Nous ne sommes pas seuls…

Sr Florence, Carmélite de St Joseph , 15 octobre 2011

© Copyright Carmélites de Saint Joseph - Contactez-nous