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Actu09

Pardonner, "un possible" ?

Une fois encore, nous apprenons, atterrés, un nouveau meurtre d’enfant. Indignation, révolte, profonde tristesse… certains vont jusqu’à exprimer de la haine, réclamant la mort de l’homme responsable de l’horrible forfait, se rangeant, du même coup, au côté de ceux qui déploient leur capacité à tuer leur semblable...

Spontanément, nous pensons à Océane qui n’a pas eu la chance de poursuivre le cours de son existence bien longtemps, à ses parents, ses proches, qui ne se remettront probablement jamais de ce drame. Cependant je ne peux m’empêcher de penser aussi à Nicolas avec une certaine sympathie et de la tendresse depuis qu’il s’est présenté de lui-même aux forces de l’ordre. La compassion même m’habite profondément à l’égard de cet homme, père de trois enfants, meurtrier d’un soir !

Le jeune homme se rend de sa propre initiative, avoue son crime, puis tente de se suicider après avoir pleuré longuement auprès de sa femme ; il s’effondre totalement. Son sens moral ne lui permet plus de supporter de vivre… Il y a eu un avant ; il y a un après ; son acte est irréversible et il se découvre terriblement misérable. Pourtant, il lui faut vivre, pour lui et pour ses enfants en bas âge. Il lui faut vivre, parce que, quoiqu’on en dise, il n’est pas réductible à son acte d’un soir, aussi terrible soit-il ! Alors, j’espère…

J’espère de toute ma force pour Nicolas pour qui le Christ est mort et ressuscité ; j’espère contre toute espérance, afin que l’homme nouveau naisse en lui et vienne à la lumière. J’espère que, pour cela, qu’un homme sera capable de lui signifier une parole de pardon et un appel à la vie.

Quelqu’un pourra-t-il lui révéler qu’il vaut plus que son acte, aussi terrible soit-il ? Qui osera lui signifier le pardon ? Qui osera un geste de vie à son égard ? Qui pourra lui proposer un vrai chemin d'humanité qui lui permettra de sortir de sa torpeur ?
Il est en prison pour treize ans ; c’est la sanction des hommes ; il nous faut l’accepter. La prison, pourtant, n’est pas « magique » ; elle ne transforme pas d’emblée nos zones d’ombre en zone lumineuse. La prison n’apporte pas la guérison et le salut… Alors, il m’arrive de me tourner vers Océane, que je ne connaissais pas auparavant ; je lui demande d’inspirer ses parents, de parler au cœur de Nicolas, de s’adresser à qui elle voudra, pour permettre un chemin de vie, tant pour ses parents, que pour Nicolas, sa famille et pour tous ceux qui se trouvent subitement propulsés dans un drame similaire. Les parents d’Océane vont-ils avancer sur ce chemin du pardon et de la vie, entraînant Nicolas avec eux ? Le chemin du pardon est souvent long et difficile, mais il ouvre celui de la vie, d’une humanité qui s’accomplit pleinement. Il nous faut parfois vivre de véritables détresses pour le comprendre…

J’aimerais tant que les parents d’Océane osent une parole ou un geste pour permettre à Nicolas de se remettre debout ! J’aimerais que Nicolas parvienne à se pardonner à lui-même pour reprendre sa route en homme responsable, abandonnant l’alcool et la drogue, ces ennemis terribles qui réduisent notre humanité en esclavage, cette humanité que Dieu a créée pour qu’elle devienne libre.

La justice des hommes est nécessaire, certes, pour que nous puissions vivre en société ; une autre justice surpasse la-nôtre, c’est la justice de Dieu qui pardonne sans condition et sans mesure.

Sr Florence, Carmélite de St Joseph , 15 novembre 2011

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