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De la "débaptisation"

Dépend-il de nous qu’un fait ou qu’un geste n’ait pas eu lieu ? Pouvons-nous modifier notre passé ? Comment croire qu’un événement de notre vie n’ait plus d’existence simplement parce que nous aimerions qu’il n’existât pas ? Ne serait-ce pas ce que nous appelons un déni de réalité ?

Etrange… De plus en plus d’Européens demandent à être débaptisés, comme s’ils pouvaient « dé-faire » ou extraire les gestes du baptême de leur vie pour en annuler les effets.

René Lebouvier défraie la chronique avec son procès à l’Eglise. Reniant son baptême, il ne veut plus faire partie de l’Eglise catholique, mais en plus, il veut que son nom soit enlevé du registre où il est inscrit ; personne ne peut l’empêcher de renier son baptême. Chacun est libre d’accueillir ou de refuser le don qui lui est offert à travers ce sacrement. Comme  pour beaucoup d’autres, suite à sa demande à être « débaptisé », il est mentionné, en marge dans le registre des baptêmes, qu’il « a renié son baptême par lette du… ». Un millier de personnes, environ, en fait la demande chaque année, ce qui reste assez marginal en regard des 310 000 baptêmes annuels.

« Débaptisé » ; voici un terme bien impropre et trompeur ! Si nous avons la liberté de choisir de vivre de son baptême ou de le renier, nous ne pouvons certainement pas décider qu’il n’ait pas eu lieu. Ce serait un déni de réalité. L’évidence ne semble pourtant pas aller de soi. Aussi je m’étonne de la décision prise par la cour d’appel de Caen condamnant le diocèse à effacer le nom d’un baptisé de son registre ! Nous viendrait-il à l’idée de demander à l’état civil de nous faire disparaître des registres d’état civil parce que nous voudrions ne pas être nés ? Pourrions-nous imaginer un seul instant qu’il nous est possible de demander d’annuler ou de renoncer à notre naissance humaine ? Nous pouvons simplement accepter ou refuser de vivre, mais pas de rentrer dans le sein de notre mère pour faire machine arrière par rapport au cours de notre histoire. Nous voyons bien qu’il y a une bonne part d’absurdité dans cette démarche ; cela n’a pas de sens ! En revanche, nous pouvons renoncer à vivre et il s’agit là d’un acte grave et irrémédiable.

Plutôt que d’aborder la question du baptême sur la réalité d’un geste posé, la justice s’est intéressée à sa dimension publique ou privée. La religion étant reléguée dans la sphère du privé, la justice a tranché dans le même sens pour le baptême. Seulement, c’était méconnaître un acte qui se vit devant témoins, ce qui lui confère une dimension publique !

Jusqu’ici, je ne me suis placée que sur le plan humain. Si j’avance un peu plus dans la réalité du baptême, je vais affirmer ce qu’en dit l’Eglise, à savoir qu’il est un sacrement.  Il s’agit de naître à la vie de Dieu. L’initiative vient de Dieu lui-même : il nous offre sa vie en partage ! Le sacrement du baptême concerne notre réponse à l’appel de Dieu. Or Dieu ne revient jamais sur le don gratuit et indéfectible de sa vie. Nous pourrons bien gommer tous les noms que nous voulons des registres de baptême, nous ne pourrons jamais enlever la trace de l’inscription indéfectible de Dieu en nous…  Nous n’avons que la liberté d’accepter ou de refuser l’invitation que Dieu nous adresse, à savoir consentir à tenir compte de sa présence dans toute notre vie. C’est là que se situe notre liberté de croyants.

Quel sens pourrait avoir cette « débaptisation » demandée ? Si le baptême ne correspond à rien pour moi, c’est encore lui donner beaucoup d’importance que de vouloir effacer mon nom d’un registre. Alors, peut être s’agit-il d’un acte symbolique porté contre l’Eglise que de ne pas vouloir être compté parmi ses fidèles ? Cela ne tient pas davantage ; en effet, les statistiques de chrétiens sont établies sur des sondages réalisés auprès de la population et non sur les registres de baptêmes qui ne sont que des archives privées. Serait-ce alors pour changer de religion ? Alors, dans ce cas, c’est un acte d’apostasie - renonciation publique au baptême reçu - qu’il me faut poser et non plus seulement une renonciation à vivre de mon baptême. Donc, en réalité, se faire « débaptiser » ne sert à rien !

La « débaptisation » serait donc pour moi un déni de réalité. Il correspond à ce qu’il serait plus juste d’appeler une « renonciation » à son baptême. Il s’agit alors de renoncer à vivre de son baptême et de le reconnaître comme une réalité efficace dans sa vie. Ne pouvant agir que sur ce qui dépend de nous, l’engagement de notre volonté et de notre liberté ne concerne que l’accueil ou le refus de la présence efficace de Dieu dans notre vie.

Sr Florence, csj St Martin Belle Roche Le 1er juin 2013

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