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Papier d’Arménie…

Nous revenons d’un voyage de huit jours en Arménie, organisé par RCF (Radio Chrétienne Francophone) avec l’accompagnement d’un de ses journalistes Thierry Lyonnet rédacteur en chef Foi et Culture. Ce fut pour nous une triple découverte.

Tout d’abord celle d’un petit pays, 28000 Km 2 (grand comme la Belgique) et 3 millions d’habitants, à la charnière entre l’Orient et l’Occident, pays montagneux dans le massif du Caucase , les trois quarts du pays s'étageant entre 1000 et 15000 m d'altitude, enclavé sans accès à la mer, entre mer Noire et mer Caspienne, coincé entre la Géorgie au Nord, l’Iran au sud , l‘Azerbaïdjan à l’est et à l’ouest la Turquie. L’Arménie offre une surprenante diversité de paysages déclinant la montagne sous tous ses modes avec une grande variété géologique, alternant des zones semi désertiques, des zones de vallées profondes très boisées et enfin le majestueux Lac Sevan à l’est du pays. Et le mont Ararat ? Eh bien il domine de ses 5186 m avec ses neiges éternelles la capitale Erevan tout en étant en territoire turc ! Ce pays, qui a aussi subi d'importants séismes en 1926 et 1988 (25000 morts), est économiquement pauvre, maintenu à bout de bras par une aide du FMI, par les investissements de la diaspora internationale et sous la tutelle énergétique et d’infrastructure de la Russie et de l’Iran.

Ensuite d’un pays à l’histoire extraordinairement longue (environ 3000 ans depuis les époques assyriennes, perse et grecque) très mouvementée, bouleversée par de multiples invasions des pays voisins et plus récemment par le génocide de 1915. Les dates fondatrices sont 301 date de la conversion au christianisme du royaume d’Arménie du fait de Grégoire l’Illuminateur, puis 405 date de la création de l’alphabet unique pour l’arménien, la langue spécifique qui a traversé l’histoire jusqu’à maintenant. L’histoire récente, c’est bien sûr le génocide de 1915-1918 décidé et organisé par le gouvernement turc, génocide auquel est consacré un mémorial aussi prenant qu'à Auschwitz, puis domination soviétique depuis 1920 jusqu’à l’effondrement de l’URSS et l’indépendance en 1991.

Enfin, à travers cette histoire, nous avons découvert par les visites de nombreux monastères, les khatchkars ("pierres croix") parsemant la campagne, la forte identité arménienne qui a perduré en se basant sur ses deux piliers que sont la langue spécifique, avec toute la culture qui l’accompagne, et la religion chrétienne apostolique arménienne adoptée dès 301 après JC créant ainsi le premier état officiellement chrétien. Cette église, dite autocéphale, indépendante du catholicisme et de l'orthodoxie a son pape, le Catholicos, et son Vatican la ville d’Etchmiadzine, à l’ouest d’Erevan. La séparation de Rome remonte au concile de Chalcédoine auquel l'Arménie, bien que convoquée, n'a pu participer pour cause de guerre à ses frontières. Ajoutons à cela une hospitalité extraordinaire.

Ce qui frappe chez les arméniens que nous avons rencontrés, notre guide, des soeurs s'occupant des orphelinats, des prêtres et le peuple qui fréquente nombreux les monastères ou lors de célébrations oecuméniques, c'est la foi chevillée au corps, paisible mais ferme malgré les difficultés importantes de la vie quotidienne et la non reconnaissance du génocide par la Turquie. Cette capacité de résistance et cette volonté farouche de survivre et de témoigner est pour nous un exemple vivant pour faire face aux difficultés croissantes que nous rencontrons en tant que catholiques face à l'évolution de la société et du monde.

François et Marie-Thérèse CHRETIEN 15 juin 2015

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