« La Fabrique des mots »
d’Erik Orsenna, aux Editions Stock, avril 2013
Dans une île imaginaire, le dictateur Nécrole décide de supprimer les mots pour n’en garder que 12, qui ne sont que des verbes de première utilité comme manger, travailler et dormir. Cette décision éveille la révolte de Mademoiselle Laurencin professeur à l’école Simon Bolivar. Jeanne, une élève de la classe de CM2 raconte la guerre menée contre le décret de Nécrole, et nous fait entrer dans un moment de bonheur simple où l’on redécouvre, si on l’avait jamais oublié, que les mots ont une vie, une origine, une utilité, un pouvoir ... 
« Méfiez-vous !
Les mots ne sont pas ce qu’on croit : de petits animaux doux et dociles, auxquels il n’arrive jamais rien.
Les mots aiment l’amour. Mais aussi la bataille. Ils se trouvent ainsi mêlés à toutes sortes d’aventures sentimentales et dangereuses. »
La petite classe, Mademoiselle Laurencin en tête part à la rencontre de personnages sympathiques qui leur font découvrir le mystère et la richesse des mots. « Les bons dictionnaires racontent la vie de chaque mot ... Et avec tous ces mots, tu peux construire toutes les histoires que tu veux ... Les mots sont des briques, Jeanne, nos briques ! Les briques de nos phrases. Les briques de nos rêves. Les briques de notre fantaisie, les briques de notre espérance. »
Sous les allures d’un conte enthousiasmant, accessible aux 7 à 97 ans, Erik Orsenna mène une réflexion sérieuse sur les dangers encourus par une langue qui ne s’inventerait plus : totalitarisme, perte d’identité, absence de pensée, d’imagination et de parole, perte de communication ...Plutôt que de livrer un long discours Erik Orsenna choisit le mode du conte philosophique.
Un livre tout en poésie qui joue avec et sur les mots. Une déclaration d’amour à la langue française, qui nous réconcilie avec les mots et nous donne envie de jouer avec eux et d’en inventer.
Sr Catherine, communauté de St Guilhem-le-Désert
