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Témoignage de soeur Patricia à quelques jours de sa profession perpétuelle

Merci au Père Norbert et à toute la paroisse d'accueillir la communauté du Carmel Saint-Joseph, le premier dimanche de l'Avent, pour la célébration de mes vœux perpétuels. C'est l'occasion pour nous d'approfondir nos liens avec Saint-Boniface dans le dynamisme du temps fort vécu l'an dernier lors de la rencontre des jeunes de Taizé.
Pour répondre à l'invitation du Père Norbert, je vous partage aujourd'hui " un petit quelque chose " de mon chemin avec le Seigneur. Que ce soit l'occasion de mieux nous connaître et de nous porter mutuellement dans la prière dans la complémentarité de nos vocations.

" Patricia " ! … un prénom parmi d'autres, mais un prénom choisi et reçu de mes parents lors de mon arrivée dans l'existence !

" Patricia " ! … Faisant écho à l'appel du Seigneur adressé au jeune Samuel, c'est par mon prénom que l'Eglise m'invitait, lors de mes premiers vœux au Carmel Saint-Joseph, à m'engager en répondant : " Me voici ! ".

Entre ces deux moments, comme pour chacun de nous, l'histoire d'une Alliance avec Dieu…

Si ma famille ne rêvait pas spécialement pour moi du choix de la vie religieuse, j'ai reçu de mon père le témoignage d'un homme qui respectait, par un engagement concret, la religion et les convictions d'autrui. Quant à ma maman, c'était une femme évangélique pour qui le sens des autres passait avant toute pratique religieuse. Enfin, je dois à l'un de mes frères qui m'a devancée sur le chemin de la foi, d'avoir entendu parler de Dieu avec conviction, mais à l'époque, je gardais encore bien mes distances…
A vrai dire, l'image que je percevais de la vie religieuse, à travers les sœurs de l'école où j'ai grandi, était toute empreinte de sévérité et d'austérité…

Un changement d'école a renversé cette image. Au cours d'une retraite obligatoire, je découvrais avec bonheur un visage d'Eglise fraternel, missionnaire et proche de l'humain. La foi devenait pour moi " un quelque chose à creuser " et je le dois au témoignage de ces missionnaires de Notre Dame d'Afrique. Dans ce dynamisme, en parallèle avec ma vie d'étudiante, je vivais divers engagements de foi.
La vie missionnaire était devenue pour moi une espèce d'idéal, mais j'en écartais encore l'idée !

C'est à ce moment que survint une expérience décisive ! Dans la paroisse étudiante où je me trouvais, un cycle de conférences sur la vie des saints à été organisé. Dans mon univers religieux, les saints étaient pour moi synonymes de statues pleines de poussières à reléguer à la sacristie. Ce n'était pas ma tasse de thé ! Mais voilà que je découvrais des hommes et des femmes de chair et de sang avec leur personnalité et leur tempérament, des êtres traversés par une passion de Dieu.
Et quelque chose a basculé …A travers la figure de Charles de Foucauld, Thérèse de l'Enfant Jésus et Thérèse d'Avila, le Christ est devenu Quelqu'un dans ma vie avec qui un dialogue est né… Je faisais là l'expérience de la prière, lieu et moment de dialogue avec Dieu… Une relation est née, et rien jusqu'à ce jour n'a pu éteindre cette petite flamme….
La relation au Christ est devenue pour moi le trésor dont parle l'Evangile pour lequel on décide de tout vendre.
Ma décision d'engagement dans la vie religieuse était prise mais elle ne s'est pas concrétisée durablement aussi vite que je l'imaginais. J'y vois un signe de la fidélité de Dieu qui s'engage déjà lorsqu'il appelle ! Tel le cours d'un ruisseau que rien n'arrête et qui se fraye un chemin au-delà des obstacles, cet appel à la suite du Christ a traversé divers aléas de mon histoire. Ma réponse concrète à l'appel du Christ par mon engagement au Carmel Saint-Joseph a permis que me quitte " la tristesse du jeune homme riche "…

Ce qui me tient le plus à cœur aujourd'hui encore, c'est que toute personne fasse cette expérience personnelle de la rencontre et du dialogue avec Dieu. Une grande beauté intérieure nous habite tous, elle est le lieu où Dieu se tient…

Mais cette alliance avec Dieu est tout, sauf un refuge confortable ! Car l'Evangile pris au sérieux me renvoie sans cesse vers l'autre au milieu des réalités du monde tel qu'il est. Cette double présence, présence à Dieu et présence au monde, est inscrite au cœur de la vie carmélitaine.
Le prophète Elie est une figure biblique que le Carmel affectionne en raison de cette double vocation :
Vocation à écouter Dieu " Il est vivant le Dieu devant qui je me tiens " 1 R 17, 1
Et vocation à dire Dieu " Je suis rempli de zèle pour le Seigneur " clamait le prophète Élie (1 R 19, 14).

A regarder le monde, à regarder l'Eglise je pourrais être tentée de poser mille questions à la veille de cet engagement définitif… mais je choisis la confiance…et je fais mienne la prière du psalmiste, de ce dimanche :

" Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m'abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Tu m'apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !
" Ps 15, 9-11

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