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L’Afrique, terre où pauvreté et joie se rencontrent…
août 2009

En août 2009, il m’a été donné d’accompagner des jeunes du MEJ au Burkina Faso. Première expérience sur cette partie du monde, et donc une approche se voulant totalement ouverte à l’inconnu. Mais l’inconnu n’est pas incompatible avec la préparation : étant en situation de responsabilité durant cette mission, j’avais rencontré de nombreuses personnes afin d’être au clair sur un maximum de domaines. Mais entre ce qu’il y a dans les livres, les sites, les témoignages et la rencontre, il y a de la place à la surprise !
Et l’Afrique nous surprend !

Cette mission MEJ se donnait pour objectifs la rencontre des cultures. Les jeunes français (18-21 ans) venaient à la rencontre des jeunes burkinabé de la même tranche d’âge. Ils vécurent ensemble dans une maison à la paroisse de Pissy, un quartier pauvre de Ouagadougou. Ensemble, ils ont cuisiné, visité, dansé, chanté, prié, travaillé à l’élaboration d’un camp pour des jeunes burkinabé (6-19 ans).

Si je mentionne les chants et les danses, c’est qu’il ne s’agit pas d’un détail : deux bonnes heures par jour. Donner tant de temps pour cela ? Et oui, la joie en Afrique transparaît dans la danse, les chants. Il y a une prise en compte de son corps qui m’a impressionnée. Ils expriment leur joie avec tout leur être. Alors dans l’ambiance, les "nassara" (les blancs) se mettent à vouloir danser…imaginer le tableau, alors que nous ne savons pas trop quoi faire de notre corps !

Cette joie se retrouve également au quotidien. Pour avoir vu des images aux informations, nul n’ignore la pauvreté sur ce continent. Arrivés par un vol de nuit, nous n’avons pas vraiment vu. Certes, il y avait l’aéroport, ressemblant plus à un hangar de nos grandes surfaces, avec son contreplaqué partout, mais rien de plus. Ce n’est que le lendemain et les jours suivants, que nous avons pris conscience de notre présence au milieu d’une population fort touchée par la pauvreté. « C’est comme à la télé, sauf que l’on y est » me dit un jeune français. Oui, il y a une grande pauvreté, si ce n’est une misère : nous avons vu des enfants pauvrement vêtus, des mamans de jumeaux (deux bouches à nourrir d’un coup) et des personnes âgées rassemblés dans un endroit déterminé du marché pour mendier un peu d’argent, afin de vivre. Pour le quotidien, j’y ai vu beaucoup de sobriété : peu de meuble, des maisons en terre (qui se sont effondrées lors des inondations de septembre 2009).

 

"Dans le dénuement la joie"

Mais j’y ai vu la joie, la grande joie qui transforme la pauvreté en Dame pauvreté, qui donne aux hommes la dignité, la grande joie de ceux qui savent que leur dignité ne leur sera pas enlevée tant qu’ils auront un sourire à partager. C’est alors que j’ai pris conscience que très souvent un français commence ses phrases « le problème, c’est que… » alors qu’un burkinabé commencera par « yel ka ye » c'est-à-dire « il n’y a pas de problème ». Et en effet, de ces trois semaines passées, je peux témoigner qu’il n’y a que des solutions. La joie dilate le cœur, élargit l’horizon, et des solutions sont continuellement trouvées. Je ne me suis pas caché la réalité, il ne s’agit pas d’une philosophie qui nie le réel. Je n’aurais pas pu, puisque ma fonction consistait à résorber les obstacles de cette mission. Mais, je me suis laissée interpeller par la manière de faire et surtout la manière d’être.

 

 

Couleurs de l’Afrique : Joie et relation

Une des grandes richesses, c’est la place laissée aux relations. La relation, l’attention à l’autre est première. Nos amis burkinabé prennent le temps de savoir si tout se passe bien, si tu es heureux, si ta famille se porte au mieux. Très déstabilisant au début quand des inconnus vous demandent si vos parents, qu’ils ne connaissent pas se portent bien ! Nous sommes accueillis avec tout notre univers. Cette prise en compte permet de laisser place à autre chose, à l’inconnu. Ils viennent vous quémander de l’argent et des médicaments, vous n’en avez pas ? Peu importe, nous allons poursuivre en parlant ensemble.
Joie et relation !
Possible en France ? Essayons !

Soeur Marie Guillaumin, communauté de Paris

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