>>> Aventure intérieure > Halte spirituelle > 5/7 Devenir libre et chercher l’intériorité














5 La non violence, le pardon et l’intériorité:

Nous sommes souvent confrontés à des actes d’agressivité surtout verbales. Face à une attaque il est normal de se défendre, comme cela se passe dans notre corps qui se défend à l’intrusion d’un corps étranger.
La loi du talion était instaurée pour éviter l’escalade de la violence. Elle est inscrite dans la loi juive, mentionnée à plusieurs reprises dans la Torah comme en Dt 19,21ou Ex21,23-25 « Si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure »
Mais il y a d’autres versets qui appellent au dépassement de la violence et au pardon :
« Tu ne te vengeras pas, ni ne garderas rancune, mais tu aimeras le prochain comme toi-même, je suis l’Eternel »
Lev 19,18
Et voilà que le refus catégorique de la violence est au cœur du message de Jésus :
« Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, dent pour dent, et bien moi je vous dis de ne pas résister au méchant, au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends lui aussi l’autre. A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique laisse aussi ton manteau, si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux milles avec lui »
Mt 5, 38-42

Jésus propose un autre chemin, il va jusqu’à l’amour des ennemis :« Je vous dis à vous qui m’écoutez, aimez vos ennemis faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament » Lc6,27
La véritable éthique répond à une exigence intérieure qui est le pardon, bien qu’il ne soit pas un acte rationnel, puisque la rationalité se situe du côté de la justice qui demande la réparation de l’injustice subie. Le pardon est un horizon inaccessible car c’est un acte rationnellement dénudé de sens d’autant plus qu’il s’agit de pardonner à une personne qui n’a pas envie d’être pardonnée ou qui ne reconnait pas ses torts. Et pourtant c’est la seule attitude qui guérit, non seulement pour être en paix avec nous-mêmes, mais aussi pour sortir d’un conflit, autrement on reste prisonnier de nos actes avec leurs conséquences. Il n’est ni rationnel ni juste mais il nous procure joie et sérénité car il est la condition nécessaire pour éteindre la violence.
Pardonner n’est pas oublier, c’est réussir à apaiser la blessure suscitée par autrui dans un contexte et un environnement donné et de tout mettre en œuvre pour que la situation source de blessure ne se reproduise plus. C’est un choix profond, un acte du cœur, acte spirituel parfois inexprimable qui a un sens mystique, sa réalisation suppose une force intérieure, une volonté et une inspiration qui nous dépasse humainement.

Dans l’Evangile le pardon est présenté comme le sommet de la vie spirituelle, sans explication purement logique pour le justifier.
Dans le monde des combats non violents, les témoignages héroïques de pardon sont toujours efficaces à long terme car ils font progresser la conscience de l’humanité entière… Malgré les échecs, le pardon et la non violence sont à vivre dans nos relations quotidiennes avec nos proches.
Lorsque nous restons, malgré tout, meurtris par une blessure qui nous a été faite, il y a des moyens spirituels qui nous aident à dissiper nos colères, nos rancunes, nos rancœurs, notamment la prière silencieuse où nous demandons au Seigneur de façonner notre cœur selon lui et la parole du Christ vient à notre secours « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » Lc 23,34
Savoir que celui qui nous a blessés n’a pas conscience de son acte, des ses paroles… qu’il est souvent en souffrance. Le comprendre nous aide à pardonner ( Cf, le film Kirikou et la sorcière)… face à un méchant, il nous faut commencer par se demander ce qui le fait souffrir. Par là nous apprenons à vivre la compassion envers les autres. St Augustin disait : « Buvez la charité et la cupidité disparaîtra »

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