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L'icône, chemin de clarté :
Une montée vers la lumière

Toutes les étapes de la peinture - écriture sont ordonnées à une montée vers la lumière. Toute la matière est au service de cette transfiguration dans la lumière.

On peut prendre pour exemple la planche. Sur une planche solide est appliqué en plusieurs couches le levkas : enduit blanc, fait de matières naturelles, à base de craie blanche et de colle de peau de lapin. Alors sur ce fond blanc, bien lisse, on dessine. Puis il y a l'ouverture qui contient les premières couches de couleur, couleur soutenue et de ton profond sombre. C'est à partir de ces couches qu'on peut monter dans les couleurs de plus en plus claires. Et ainsi le modèle des personnages et surtout le visage commence à émerger.

C’est la lumière qui alors façonne la spécificité du visage, son caractère, et c’est elle qui fait naître le personnage, ou le Saint travaillé.

Puis il y a les derniers traits blancs sur le visage et les vêtements (comme des éclats) qui donnent aux personnages une vie qui les anime de l'intérieur.

L’icône nous présente ainsi une vision d'un monde, totalement différente de la nature, telle qu'on la voit. Elle n'est pas un paysage naturaliste. Et avec la perspective inversée nous voyons s'ouvrir cet espace vers celui qui regarde l’icône et l'invite à contempler, à passer du voir à la contemplation.

L'icône, un chemin :

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Un jeu de couleurs symboliques

Les iconographes utilisent la couleur pour distinguer les deux plans d'existence céleste et terrestre, depuis la pourpre de l'orage jusqu'à la lumière éblouissante du soleil. Mais quelle que soit leur variété, les couleurs qui distinguent les deux mondes sont toujours célestes, au sens symbolique du mot. Ces couleurs ont une valeur symbolique et restent les signes du ciel, de l'au-delà.

Les iconographes étaient de fins observateurs du ciel dans le double sens du mot. Ils voyaient le ciel d'ici-bas avec les yeux de chair et contemplaient l'autre avec les yeux du cœur ceux de l'esprit, dans une expérience personnelle et profonde avec Dieu. Chaque nuance de couleur avec sa place a une signification propre.

Prenons par exemple les bleus. On distingue :

  • Le bleu sombre des nuits étoilées.
  • Le bleu lumineux du jour.
  • Et une multitude de tons plus pâles : des bleus légers turquoises presque verts. Des bleus tirant sur le vert après le coucher du soleil. Ce vert est le signe de la divinité inaccessible.

Sur ce fond bleu se déploient ensuite d'autres couleurs célestes :

  • Les étoiles.
  • L'aurore avec son rouge spécifique.
  • Le rouge d'un orage ou d'une incendie
  • Les teintes de l'arc en ciel.
  • Et l'or du soleil de midi, qui reste la couleur des couleurs, toutes les autres couleurs lui étant comme subordonnées. Ainsi en sa présence, le bleu nocturne disparaît, les étoiles pâlissent, de même que la lueur d'un incendie nocturne.

Nous savons que toutes les couleurs de l'arc en ciel proviennent du jeu des rayons solaires, car le soleil est la source de toute lumière. Et telle est dans l’icône, la hiérarchie des couleurs autour du "soleil sans couchant". Seul l'or solaire symbolise le centre de la vie divine, tout le reste étant l'entourage. Dieu seul « plus éclatant que le soleil » produit cette lumière royale. Les iconographes ont ainsi découvert et perçu toutes les teintes de l'arc en ciel comme des réfractions multicolores de l'unique rayon de la vie divine.

Dans l'iconographie, cette couleur divine a un nom particulier, l'Assiste, et on la traite d'une manière spéciale. Pas d'or massif. Elle sera comme une toile légère aérienne, de fins rayons qui émanent de Dieu et qui baignent de lumière toute chose autour d'eux par leur éclat. Sur une icône, l'Assiste fait participer à la gloire tout ce qui entoure la Divinité, tout ce qui est déjà entré dans la vie divine et tout le voisinage.

On revêt de l'Assiste le trône, le manteau de la Sophia "la Sagesse Divine", le manteau de la Vierge, les ailes des anges, le sommet des arbres du paradis et le trône.

Dans plusieurs icônes l'Assiste apparaît sur les dômes pointus des églises. Ils ne sont pas entièrement dorés mais parsemés d'étincelles et de rayons d'or. Cela rappelle les rayons de la Pentecôte.

Une précision cependant : l'Assiste n'apparaît pas sur les icônes qui représentent la vie terrestre du Sauveur, qui mettent l'accent sur l'humanité du Christ. Ainsi par exemple, les icônes de la Cène, de Lazare, des Rameaux... Mais elle apparaît sur les habits du Christ en gloire quand l’iconographe désire faire pressentir sa future glorification : Transfiguration, Résurrection, Ascension...

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